
Alors que le Burkina Faso fait face à une menace terroriste toujours plus complexe, le représentant spécial de l’ONU pour le Sahel, Leonardo Santos Simão, a bouclé une visite de quatre jours à Ouagadougou. Entre éloges prudents, inquiétudes sécuritaires et interpellations directes du gouvernement burkinabè, cette mission diplomatique met en lumière la fragilité des équilibres entre soutien international et affirmation de souveraineté.
En pleine recrudescence de la menace terroriste au Sahel, le représentant spécial des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, Leonardo Santos Simão, a effectué une visite stratégique de quatre jours au Burkina Faso. Entre reconnaissance des efforts engagés par les autorités de transition et préoccupations sécuritaires grandissantes, cette mission s’inscrit dans un climat de tensions diplomatiques et de revendications politiques fortes.
Une visite pour « s’enquérir » et réaffirmer le soutien de l’ONU
Arrivé à Ouagadougou le 21 mai 2025, Leonardo Santos Simão a multiplié les rencontres avec les plus hautes autorités burkinabè, dont le Premier ministre Rimtalba Jean-Emmanuel Ouédraogo. Objectif affiché : faire le point sur la situation politique, économique et sécuritaire du pays, et évaluer les moyens de renforcer le soutien onusien. Le représentant spécial a salué les efforts engagés dans plusieurs secteurs, notamment l’agriculture et la relance économique, sans oublier le retour progressif des populations déplacées par les violences terroristes.
Mais au-delà des encouragements diplomatiques, Leonardo Santos Simão n’a pas caché ses vives préoccupations. Il a dénoncé une évolution alarmante du terrorisme au Burkina Faso, évoquant l’utilisation croissante de technologies avancées, et même d’enfants dans les opérations des groupes armés. Des propos qui traduisent une prise de conscience de l’ampleur du défi sécuritaire, dans un pays qui subit depuis des années une instabilité chronique, exacerbée par l’insuffisance du soutien logistique et financier international.
Le Burkina Faso interpelle l’ONU sur le « parrainage » du terrorisme
Face au diplomate onusien, le ton du Premier ministre burkinabè a été sans détour. Rimtalba Jean-Emmanuel Ouédraogo a exhorté l’ONU à sortir de sa réserve et à porter « avec courage » la voix des nations qui se battent pour leur souveraineté. Il a vivement dénoncé le rôle trouble de certaines puissances internationales qu’il accuse de soutenir indirectement le terrorisme dans le Sahel. Plus encore, il a pointé du doigt certaines institutions internationales qui, selon lui, utiliseraient un langage ambigu, contribuant à légitimer les actions des groupes armés.
En réponse à ces accusations, Leonardo Santos Simão a réitéré la volonté des Nations Unies de « continuer à mobiliser les efforts dans la lutte » contre le terrorisme et de renforcer leur plaidoyer en faveur du Burkina Faso.