Tchad : une nouvelle vague de réfugiés centrafricains attend de l’aide


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Quelque 10 000 habitants de République centrafricaine (RCA), principalement des femmes et des enfants, sont bloqués dans une région reculée du sud du Tchad, depuis qu’ils ont fui la reprise des affrontements dans le nord de la RCA, ont déclaré les autorités locales aux Nations Unies.

Des camions chargés de vivres, de bâches en plastique et autres équipements d’urgence doivent être dépêchés sur place le 6 février, depuis Abéché, principale ville de l’est tchadien et plate-forme humanitaire, selon Annette Rehrl, porte-parole du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) au Tchad.

Le HCR, qui organise le convoi, dépêche actuellement huit employés dans la zone. Le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations Unies envoie quant à lui 82,5 tonnes de vivres, assez pour couvrir les besoins de 10 000 personnes pendant 15 jours, selon Gon Myers de la branche tchadienne du PAM.

On ignore combien de temps il faudra pour parcourir les 720 kilomètres depuis Abéché. Les routes sont en mauvais état et il s’agira de la première fois qu’un convoi humanitaire est envoyé dans cette région par les Nations Unies, puisque c’est aussi la première fois depuis plusieurs années que des réfugiés centrafricains traversent la frontière à cet endroit, selon Mme Rehrl.

Le 28 janvier, une mission conjointe des Nations Unies, dépêchée dans la zone, près du village de Daha, à environ 280 kilomètres d’Am Timan, la ville la plus proche, y a recensé 4 500 personnes. La plupart d’entre elles étaient arrivées les 16-17 janvier.

Mais Fatma Diouf Samoura, coordinatrice humanitaire adjointe des Nations Unies à Abéché, a expliqué à IRIN que selon les autorités locales, environ 10 000 personnes se trouvaient là, le 4 février. Ni Mme Rehrl, ni Mme Samoura n’a pu confirmer ce nombre plus élevé.

« Ca fait beaucoup de monde arrivé d’un coup », a déclaré à IRIN Mme Rehrl du HCR, en allusion au nombre confirmé de 4 500 réfugiés. « Les populations tchadiennes locales ont été très généreuses : elles ont offert des vivres ; mais nous sommes inquiets, maintenant qu’il ne reste plus rien ».

Le HCR a en effet indiqué que le marché alimentaire local était vide.

Une situation « très compliquée »

La situation est « très compliquée », a estimé Mme Rehrl, en raison de la distance, des conditions routières et du manque d’information sur les besoins des populations. « On nous a dit que les gens buvaient l’eau non-traitée de la rivière », a-t-elle expliqué. « Il est évident qu’on s’inquiète des maladies ».

« Ce qui nous inquiète, avant tout, c’est que le village de Daha [qui compte environ 4 000 habitants] ne se trouve qu’à un kilomètre de la frontière. Etant donné que les affrontements se poursuivent, le HCR devra déterminer comment apporter une aide à long terme aux réfugiés », a-t-elle indiqué.

A partir d’Abéché, il aura fallu environ trois heures à l’équipe des Nations Unies pour se rendre sur place en hélicoptère (prêté par la Mission des Nations Unies en RCA et au Tchad – MINURCAT), le 28 janvier.

D’après un communiqué publié par le HCR le 30 janvier, les réfugiés semblent être en bonne santé. Douze femmes réfugiées ont accouché au cours des deux dernières semaines de janvier.

Cet afflux de réfugiés est le plus important de la RCA vers le sud du Tchad depuis près d’un an. Quelque 56 000 Centrafricains ont fui vers le sud du Tchad depuis 2003 et vivent dans cinq camps. Depuis la fin de l’année 2008, une centaine de Centrafricains arrivaient chaque mois dans le pays, selon le HCR.

Photo:
Anne Isabelle Leclercq/IRIN.
Des réfugiés de République centrafricaine, qui ont fui vers le sud du Tchad pour échapper aux attaques armées (photo d’archives)

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