
Redouane Bougheraba signe avec « Sur la route de papa » une magnifique comédie familiale pleine de sens. L’humoriste marseillais puise dans ses souvenirs pour livrer un road-movie authentique et généreux, qui résonne avec l’expérience de milliers de familles de la diaspora maghrébine.
Les racines marseillaises d’un enfant de Béjaïa
Avant de conquérir les zéniths et TikTok, Redouane Bougheraba a grandi dans les quartiers nord de Marseille, sixième d’une fratrie issue de l’immigration kabyle. Son père, ouvrier dans les Bouches-du-Rhône, est originaire de Béjaïa, sa mère de Tablat, petit village de l’Atlas algérien. Chaque été, la famille entière s’entassait dans une Renault 21 Nevada surchargée de bagages pour rejoindre ces terres ancestrales – une expérience fondatrice qui nourrit directement l’intrigue du film.

Cette mémoire familiale devient le terreau d’une fiction universelle. Kamel, architecte incarné par Bougheraba, voit ses vacances de rêve se transformer en odyssée familiale de 2 400 kilomètres vers son village natal, situé pour les besoins du film, au Maroc. Coincé entre une mère autoritaire (Farida Ouchani) et des valises qui débordent, il découvre que les trajets les plus longs révèlent parfois les vérités les plus profondes.
Une authenticité forgée sur le terrain
La crédibilité du film tient largement à l’approche de ses réalisateurs, Nabil Aitakkaouali et l’ancien footballeur Olivier Dacourt. Ces derniers ont refait le parcours Aulnay-sous-Bois-Tanger pour « respirer chaque station-service », selon les mots de Dacourt. Cette immersion se ressent dans les détails : pare-soleil rafistolé au scotch, traversée nocturne en ferry, contrôles douaniers interminables. Chaque séquence porte la marque du vécu.
Bougheraba, habitué aux joutes verbales de ses spectacles, opte ici pour une approche plus nuancée. Son Kamel reflète ses propres questionnements : comment concilier réussite sociale et fidélité aux origines ? L’humoriste, qui puise depuis toujours dans « les virées Béjaïa-Marseille » l’essence de son humour, livre avec ce personnage une part intime de lui-même.
Le film se pensche sur l’exil, le rôle des mères dans la transmission culturelle, la difficulté de rester « enfant du pays » quand on a construit sa vie ailleurs. Ces questions trouvent leurs réponses dans le rire, moteur constant du cinéma de Bougheraba.
Les premiers retours s’avèrent encourageants. L’avant-première du 16 juin au UGC Bercy, en présence de footballeurs (clin d’œil à Dacourt) et d’humoristes de la diaspora, ont déjà donné le ton d’un accueil chaleureux.
