Super Tuesday : jour de vérité pour Barack Obama


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On appelle ça faire campagne sur le tarmac. Durant toute la semaine passée, Barack Obama a littéralement été entre deux avions dans une incroyable course contre la montre pour les élections primaires de ce mardi 5 février. Pour la première fois dans l’histoire américaine, près de la moitié des 50 Etats du pays se rendront simultanément aux urnes pour des élections primaires.

Par Germain Bagassy, Washington

Avec 22 Etats répartis un peu partout à travers le pays, de la côte Est à la côte Ouest, les candidats, malgré leurs énormes moyens financiers, n’ont pas la possibilité de mener une campagne intensive comme ils l’ont fait dans les autres États qui ont tenu leurs primaires en janvier. Jusque-là, la compétition s’est déroulée, tour a tour, dans l’Iowa, le New Hampshire, le Nevada et la Caroline du Sud, des États minuscules comparés à la Californie (le plus grand Etat des Etats-Unis situé à l’extrême ouest) et à New York (extrême Est) qui sont parmi les 22 en jeu ce mardi. Dans ce nouveau contexte, Hillary Clinton, l’ancienne première dame, figure dominante de la scène politique nationale pendant les deux dernières décennies part largement favorite. Il y a une semaine, dans les sondages, elle était en tête dans 21 des 22 États en compétition sauf l’Illinois, l’Etat dont Obama est le sénateur.

Malgré tout le boucan fait autour de sa candidature, Barack Obama, 46 ans, n’est pas bien connu à travers le pays comparé à sa rivale. Il n’a fait éruption sur la scène nationale qu’en 2004 lorsqu’il a prononcé un discours mémorable à la convention démocrate nominant John Kerry comme candidat du parti. C’est également la même année qu’il a été élu au Congrès en tant que sénateur de l’Illinois. Au contraire, Hillary Clinton jouit d’une bonne popularité surtout en raison des huit ans de prospérité de son mari à la Maison Blanche dans les années 90.

Une semaine très favorable

Mais depuis sa victoire historique du 3 janvier lors des primaires de l’Iowa, Barack Obama semble avoir le vent en poupe. Selon son état-major de campagne, il a reçu des supporters 32 millions de dollars pendant le seul mois de janvier, un montant équivalant à l’ensemble des contributions reçues par le républicain John McCain durant toute l’année 2007. Il a également entamé la campagne de ce Super Tuesday avec des signes très encourageants, notamment une victoire écrasante (55% contre 27% des votes à Hillary Clinton), le samedi 26 janvier, en Caroline du Sud qui a permis de galvaniser davantage ses supporters.

En 2007, très peu de hautes personnalités du parti avaient osé soutenir publiquement Barack Obama dans cette aventure présidentielle. Mais en ce début d’année, les choses ont complètement changé. Ces dernières semaines, les ralliements de gouverneurs, députés et autres hautes personnalités politiques se sont accélérés. Lundi 28 janvier, il a reçu le soutien de la famille Kennedy très populaire chez les démocrates. Depuis, Caroline Kennedy, la fille de l’ancien président John F. Kennedy, qui pense avoir trouvé dans le sénateur noir « un président comme mon père », bat activement la campagne aux côtés de M. Obama. Ce dimanche après-midi, elle est apparue sur un podium à Los Angeles en compagnie de Michelle Obama, la femme du candidat, d’Oprah Winfrey, la milliardaire noire animatrice de télévision, et de Maria Shriver, la femme d’Arnold Schwarzenegger le gouverneur républicain de la Californie, qui est venue annoncer de façon surprenante son soutien à Barack Obama.

Quant à l’oncle de Caroline, Ted Kennedy, 74 ans, sénateur et frère de l’ancien Président, qui fait de l’élection de Barack Obama « une affaire personnelle », il a mis un Jet à disposition pour que la campagne d’Obama sillonne le pays. Sur le terrain, on retrouve également le Sénateur John Kerry, candidat du parti démocrate en 2004, battant campagne d’un État à un autre pour M. Obama.

Tous ces efforts et soutiens semblent payer. Plusieurs sondages publiés ce dimanche indiquent que Barack Obama a dramatiquement réduit l’écart dans les sondages entre lui et Hillary Clinton. Les deux sont désormais presque à égalité dans la plupart des États avec un léger avantage cependant pour Mme Clinton. Celle-ci a vu s’évaporer les 12 points d’avance qu’elle détenait il y a une semaine en Californie, l’Etat le plus convoité. Au niveau national, un sondage publié dimanche soir par le New York Times et la chaîne de télévision CBS indique que les deux sont à égalité à 41% chacun, une grande différence comparé au 15% d’avantage détenus par Mme Clinton début janvier.

La bataille pour les délégués

Finalement, ce que les mauvaises langues avaient qualifié de « Tsunami Tuesday » (mardi du Tsunami) qui devrait décanter la situation et déterminer le sort des candidats n’aura probablement pas lieu. La bataille pour la nomination du candidat du parti démocrate risque fort de continuer bien au delà de ce mardi sans qu’un réel leader ne se dégage parmi les deux prétendants. Une situation qui oblige les deux camps à revoir leurs stratégies. Pour eux, il ne s’agit plus seulement de gagner des primaires en remportant les votes populaires, il s’agit surtout d’amasser le maximum de délégués dans ces États.

En fait, pour gagner la nomination démocrate, un candidat a besoin d’au moins 2025 délégués soit un peu plus de la moitié du total des 4049 délégués. Ce mardi, 1681 délégués sont en jeu, le nombre le plus important pour une seule journée dans l’histoire des primaires. La Californie détient a elle seule 370 délégués. Les règles de calcul de la répartition des délégués peuvent varier d’un État à un autre mais d’une manière générale, les délégués sont toujours attribués proportionnellement aux votes reçus dans chaque circonscription électorale au sein des États. Un candidat peut remporter un État donné mais perdre au niveau de la répartition des délégués qui vont constituer l’élément central du scrutin de ce mardi. Il y a quelques semaines, Barack Obama avait perdu les primaires du Nevada en faveur de Mme Clinton, mais s’en était sorti avec un délégué de plus qu’elle (13 contre 12).

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