Sud-Kivu : au moins sept enfants tués dans des attaques contre des écoles, l’UNICEF dénonce une escalade « alarmante »


Lecture 4 min.
Des écoliers
Des écoliers

En moins de 48 heures, plusieurs établissements scolaires ont été frappés par des bombardements dans le Sud-Kivu. L’UNICEF alerte sur une multiplication des violations graves commises contre les enfants.

Au moins sept enfants ont perdu la vie dans une série d’attaques visant des écoles du Sud-Kivu, provoquant une nouvelle onde de choc dans une région déjà meurtrie par des années de conflit. L’UNICEF s’est déclarée « attristée et alarmée » vendredi 5 décembre, dénonçant une escalade « intolérable » des violences contre les mineurs.

Les premières frappes ont été rapportées le 3 décembre dans le territoire de Walungu. À Kaziba, une bombe est tombée sur une école primaire, tuant quatre enfants sur le coup. Le même jour, une autre école primaire de la zone a été touchée, tandis qu’une explosion distincte survenue à proximité a causé la mort de trois enfants supplémentaires et blessé plusieurs autres. Le lendemain, 4 décembre, une école de Murhesa, dans le territoire de Kabare, aurait également été frappée. Le nombre exact de victimes n’est pas encore connu, les équipes locales poursuivant les vérifications dans une zone difficile d’accès en raison des combats.

Une année 2025 marquée par une recrudescence dramatique des violations contre les enfants

Pour l’UNICEF, ces nouvelles attaques illustrent une détérioration alarmante de la situation sécuritaire dans l’est de la RDC. Les affrontements armés ont atteint en 2025 un niveau inédit depuis plusieurs années, et les enfants « paient une fois de plus le plus lourd tribut ».

« Nous sommes profondément troublés par les rapports selon lesquels des enfants auraient été tués par des bombes tombées sur leurs écoles ces derniers jours », a déclaré John Agbor, représentant de l’UNICEF en RDC. « Les écoles doivent être des sanctuaires de paix. Nous appelons à l’arrêt immédiat des attaques contre les écoles pour que les enfants puissent apprendre en sécurité ».

Selon l’agence onusienne, les violations graves (meurtres, mutilations, violences sexuelles, recrutement forcé, attaques contre les écoles) ont fortement augmenté en 2025. Dans le seul Sud-Kivu, plus de 1 270 écoles sont aujourd’hui non fonctionnelles et près de 400 000 enfants sont privés d’éducation.

Des communautés en état de choc face à la destruction des écoles

Au-delà du bilan humain, ces attaques ont un impact émotionnel et psychologique profond sur des enfants déjà exposés au traumatisme du conflit. Les familles, confrontées à la peur permanente, doivent choisir entre protéger leurs enfants et leur permettre de poursuivre leur scolarité. Beaucoup se résignent à garder leurs enfants à la maison, faute de garanties de sécurité. Les enseignants tentent, tant bien que mal, de maintenir un semblant de continuité pédagogique. Mais dans plusieurs localités, les salles de classe endommagées ne peuvent plus accueillir d’élèves, et les cours se donnent parfois à l’extérieur ou dans des bâtiments improvisés.

Dans ces conditions, l’UNICEF rappelle la RDC à ses engagements internationaux. Depuis 2016, la RDC est signataire de la Déclaration sur la sécurité dans les écoles, qui engage les États à prévenir les attaques, à protéger les infrastructures éducatives et à garantir un accès sûr à l’éducation en période de conflit. Face à cette nouvelle tragédie, l’institution onusienne exhorte toutes les parties au conflit à : cesser immédiatement les attaques contre les écoles ; garantir l’accès sécurisé à l’éducation pour tous les enfants ; poursuivre les responsables des attaques contre les établissements scolaires ; intégrer la protection des droits de l’enfant dans tout processus de paix.

Ce jeudi 4 décembre, les Présidents congolais, Félix Tshisekedi, et rwandais, Paul Kagame, ont signé à Washington, devant Donald Trump un accord de paix censé ramener la stabilité dans l’est de la RDC depuis longtemps secoué par cette guerre aux conséquences dramatiques y compris sur les écoliers. Même si cet accord est diversement apprécié par les Congolais, il reste porteur d’espoir pour la fin d’un conflit qui n’a que trop duré.

Avatar photo
Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
Facebook Linkedin
Newsletter Suivez Afrik.com sur Google News