Soudan : reprise imminente de la guerre entre le Nord et le Sud ?


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Le Sud-Soudan accuse le Nord de vouloir retarder l’organisation du référendum prévu en janvier 2011 sur son indépendance. Cette situation pourrait dégénérer en nouveaux affrontements armés entre les deux parties du pays.

Menace d’une reprise du conflit armé entre le Nord et le Sud Soudan. Lors d’une rencontre avec des journalistes vendredi à Djouba, la capitale du Sud Soudan, Pagan Amum, un des principaux responsables politiques de cette région du plus grand pays d’Afrique a déclaré que le conflit avec le Nord risquait de reprendre si Khartoum essayait d’ajourner le référendum de janvier prochain sur l’indépendance du Sud-Soudan. Selon Pagan Amum, le Sud-Soudan ne reculerait devant aucun moyen, pour faire échec à toute manœuvre visant à retarder la consultation populaire, initialement prévue le 9 janvier 2011.

En 2005, un accord entre le Nord et le Sud-Soudan avait été conclu sous l’égide de la communauté internationale pour mettre fin à quatre décennies de guerre ayant coûté la vie à plus de deux millions de personnes. Il stipule que les habitants du Sud-Soudan doivent se prononcer par référendum sur leur indépendance. Après la signature de l’accord, les négociations pour son application, notamment l’organisation du référendum, ont continué, parfois dans un climat tendu. Le Sud-Soudan a ainsi pu, avec l’appui de l’Organisation des Nations unies (Onu), se doter d’institutions politiques, par le biais des élections.

Seule l’organisation du référendum, étape finale de ce processus continue de faire problème. Pour le ministre de l’information du Sud-Soudan, Marial Benjamin, Khartoum « multiplie les obstacles pour faire croire à tout le monde que le référendum [pour] l’indépendance du Sud doit être reporté (…) Mais le gouvernement du Sud pense qu’il doit être organisé à la date convenue », explique-t-il.

« Il est très clair pour tous les Soudanais du Sud que nous voulons la séparation. Nous avons eu la guerre … et l’on peut se battre à nouveau pour obtenir notre référendum », a déclaré à Associated Press Mabior Achiek, un soldat de l’armée du Sud-Soudan.

Le Soudan est sans doute actuellement l’un des pays les plus embrouillés d’Afrique. Au nord, le président Omar al-Bechir est poursuivi par le Tribunal pénal international de la Haye pour crimes de guerre, crimes contre l’humanité et génocide, en rapport avec le conflit du Darfour à l’ouest du pays.

Même le Sud qui négocie son indépendance est loin d’être uni. Une partie de l’accord de paix de 2005 exige en effet un référendum séparé pour le peuple d’Abyei installé sur la zone riche en pétrole qui chevauche une partie de la frontière avec le Nord du pays. En 2008, des affrontements y ont opposé les armées de Khartoum et Djouba. Les populations d’Abyei doivent voter pour déterminer si elles souhaitent se rattacher à l’une ou à l’autre capitale.

Pour David Gressly, un haut fonctionnaire des Nations unies en poste dans le Sud-Soudan, l’ONU est prête à jouer un rôle « très large » dans le référendum qui pourrait sceller la partition du pays en deux. Cependant, certains officiels des Nations unies estiment que le délai est trop court pour préparer un référendum début 2011. L’Onu poursuit sa médiation entre les deux parties.

par Konye Obaji Ori

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