Soudan : L’ONU invite un leader de la rébellion à se joindre à l’initiative de paix


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Les Nations Unies ont invité Abdel Wahid Nour à se joindre à l’initiative de paix engagée pour mettre fin au conflit qui ravage le Darfour, la région occidentale du Soudan, même si cet influent chef rebelle du mouvement pour la libération du Soudan avait précédemment fait savoir qu’il ne participerait pas aux pourparlers prévus le mois prochain.

Prévus à Arusha, en Tanzanie, ces pourparlers sont organisés par les Nations Unies (ONU) et l’Union Africaine (UA) et devraient jeter les bases d’une négociation directe avec le gouvernement soudanais pour mettre fin à plus de quatre années de conflit au Darfour.

Plusieurs chefs rebelles ont exprimé le désir de prendre part aux prochaines négociations politiques, mais M. Nour, dont les effectifs militaires sont limités bien que très populaire dans le Darfour et dans les camps de déplacés internes en particulier, a fait savoir qu’il ne participerait pas à la rencontre prévue le 3 août prochain en Tanzanie.

« Nous voulons l’avoir à nos côtés et j’espère qu’il manifestera un intérêt particulier à cette rencontre », a indiqué Jan Eliasson, l’envoyé spécial des Nations Unies pour la crise au Darfour, lors d’une conférence de presse à Khartoum, la capitale soudanaise.

L’ONU et l’UA comptent sur la rencontre d’Arusha pour créer les conditions favorables à l’ouverture de pourparlers de paix entre le gouvernement et la rébellion.

« Nous souhaitons vivement qu’il [M. Nour] prenne part au processus de négociation », a expliqué M. Eliasson. « C’est une opportunité qu’il faut saisir et nous gardons la porte ouverte ». « Nous espérons qu’il comprendra qu’il s’agit-là de négociations sérieuses », a ajouté M. Eliasson.

En 2006, un seul des trois groupes rebelles avait signé un accord de paix avec le gouvernement soudanais à Abuja, au Nigeria. Depuis, les groupes rebelles se sont scindés en plusieurs factions, et d’après les agents humanitaires de l’ONU et de l’UA, cette scission expliquerait les violences car les chefs de la rébellion ne maîtrisent plus leurs troupes.

Sanctions

Au cours de la visite qu’il a effectuée la semaine dernière au Soudan, Andrew Natsios, l’envoyé spécial des Etats-Unis pour la crise du Darfour, a accusé certains chefs rebelles de faire obstacles aux initiatives de paix.

« Certains d’entre eux se prennent pour des seigneurs de guerre et versent dans la criminalité, ce qui est devenu une fâcheuse tendance dans le Darfour. C’est justement pour cette raison que nous devons accélérer le processus politique en vue de parvenir à un accord de paix », a affirmé M. Natsios.

« Le gouvernement américain est très troublé par les actions que mènent certains chefs rebelles qui bloquent cyniquement le processus de paix. Il faut à présent mettre un terme à ces agissements », a ajouté l’envoyé spécial des Etats-Unis.

La communauté internationale a menacé de prendre des sanctions à l’encontre de toute faction reconnue coupable d’entrave au processus de paix au Darfour.

A l’issue d’une rencontre qui s’est tenue du 15 au 16 juillet à Tripoli, la capitale libyenne, les délégués ont publié un communiqué affirmant la détermination du Conseil de sécurité de l’ONU et du Conseil de paix et de sécurité de l’UA à prendre des mesures appropriées pour sanctionner toute entrave au bon déroulement du processus politique.

Au mois de mai, Washington avait imposé des sanctions à certaines personnalités soudanaises accusées d’être responsables d’exactions et de violation des droits humains dans la région. Ces sanctions touchaient notamment deux hauts personnages du gouvernement soudanais et Khalil Ibrahim, le chef rebelle du Mouvement justice et égalité (JEM).

Le Secrétaire d’Etat américain au Trésor avait notamment accusé M. Ibrahim d’être personnellement responsable des violences et exactions commises sur les populations du Darfour et d’entretenir la rébellion pour déstabiliser un peu plus la région.

En mai 2006, le JEM et le Mouvement de libération du Soudan de M. Nour avaient refusé de signer l’accord de paix du Darfour.

Toutefois, M. Ibrahim s’est dit prêt à participer à la rencontre d’Arusha et à des pourparlers avec le gouvernement, bien qu’aucune date n’ait été fixée pour l’ouverture des négociations.

« Evidemment, s’il n’en tenait qu’à nous, nous aurions souhaité que ces pourparlers démarrent le plus tôt possible », a affirmé l’envoyé spécial de l’ONU. « Les parties devront décider si elles sont prêtes à se rendre à Arusha dès qu’elles auront reçu les invitations ».

Le conflit du Darfour a éclaté lorsque des rebelles, principalement non-arabes, ont pris les armes au début de l’année 2003, accusant le gouvernement central de marginaliser leur région. Ce conflit a fait près de 200 000 morts et plus de deux millions de déplacés.

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