Soudan du Sud : un an d’indépendance, de conflits et de corruption


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Le Soudan du Sud proclamait, il y a un an, jour pour jour, son indépendance pour devenir le 54e État membre de l’Union africaine. Cette indépendance intervenait après cinquante années de luttes violentes contre le pouvoir de Khartoum, sur fond de querelles pétrolières et de troubles politiques, ethniques et religieux. Or, le bilan de cette première année est plus que mitigé.

Le Soudan du Sud a un an et le constat est simple : le jeune État ne se porte pas bien. Il faut dire que, malgré sa manne pétrolière, le Soudan du Sud ne débutait pas sous les meilleurs auspices. La population est à 85% analphabète et à plus de 50% en situation d’insécurité alimentaire. Le territoire est totalement dépourvu d’infrastructures et dominé par une classe dirigeante cleptomane. Pour endiguer la corruption, le président Salva Kiir a dû adresser, en mai, une lettre à 75 ministres ou anciens ministres, dans laquelle il appelait à rendre 4 milliards de dollars, détournés des caisses de l’Etat.

Le pays est également confronté à une grave crise qui l’oppose à son voisin soudanais, une crise doublée de conflits internes notamment ethniques et politiques. Le parti au pouvoir, le Mouvement populaire de libération du Soudan (SPLM), tend à devenir un parti unique au détriment des différentes sensibilités du nouvel État. Depuis quelques mois, George Clooney, jusqu’alors grand défenseur de la cause sud-soudanaise, se fait plus discret à l’endroit de ses amis.

L’or noir : problème ou solution ?

Le Soudan du Sud possède les principales réserves pétrolières de l’ex-Soudan, mais sa position l’oblige à faire transiter sa production par le Nord. Cette dépendance envers Khartoum qui profite de droits de passage et détournerait une partie de la production, s’apparente pour certains à une perpétuation de la tutelle nordiste.

Bien que 98% des richesses du pays proviennent du brut, Juba a décidé, le 20 janvier, de stopper ses exportations par le Nord. Dans l’attente d’oléoducs transitant par l’Ouganda ou d’un accord avec Khartoum, Juba doit faire face à une forte inflation (aux alentours de 40%) qui aboutira, sans doute ce mois-ci, à une cessation de paiement du Soudan du Sud, selon la Banque mondiale. Par ailleurs, en raison de la corruption endémique, les bailleurs de fonds boudent Juba, à l’exception de la Chine qui prévoit de prêter 8 milliards de dollars pour financer la construction de routes, d’équipements hydrauliques et électriques.

La solution passe sans aucun doute par la normalisation des relations entre les deux voisins, c’est pourquoi l’Union africaine (UA) a dépêché sur place Thabo Mbeki, médiateur en chef. L’ancien président sud-africain n’est, pour l’instant, pas parvenu à un accord entre les deux parties qui ont pourtant renouvelé leur engagement à cesser les hostilités concernant leur frontière commune et le partage de la manne pétrolière.

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