Aujourd’hui, des militants d’organisations non gouvernementales (ONG) de 19 pays se rassemblent pour une journée mondiale de mobilisation afin d’appeler les partis soudanais à s’assurer que les élections ne donneront pas lieu à un regain de violence et d’abus des droits de l’homme. Ces derniers jours, plusieurs partis d’opposition ont décidé de boycotter partiellement ou totalement les élections présidentielle, législatives et régionales, en raison du manque d’équité des élections et des restrictions aux libertés fondamentales. Les ONG craignent que la situation des droits de l’homme sur le terrain ne bénéficie pas suffisamment d’attention, bien que les yeux du monde entier soient tournés vers le Soudan durant les élections.
Les événements sont organisés dans le cadre de Sudan365, une campagne d’une année sur le Soudan, organisée par une coalition d’ONG dont Amnesty International, la Coalition arabe pour le Darfour, le Darfur Consortium, la Fédération internationale des ligues des Droits de l’Homme, Human Rights Watch et Refugees International.
Des événements sont organisés du Mali à la Norvège, de l’Afrique du Sud à Israël, du Sénégal à l’Irelande du Nord (pour une liste exhaustive des endroits, consulter www.sudan365.org) sur le thème du « rythme pour la paix », soutenu par des percussionnistes célèbres dont Stewart Copeland du groupe The Police, Phil Selway du groupe Radiohead, Mustapha Tettey Addey du Ghana et Mohamed Munir.
Les participants à la campagne demandent vivement aux décideurs internationaux d’être particulièrement vigilants aux événements sur le terrain. Les élections auront lieu dans une situation instable, comme démontré par l’offensive récente dans la région du Djebel Marra au Darfour – durant laquelle des centaines de civils auraient été tués et des milliers déplacés – et l’intensification de la violence au sud Soudan.
«Les violations des droits de l’Homme -en particulier les restrictions à la liberté de réunion et la liberté de la presse- menacent les perspectives d’un vote libre, juste et crédible au Soudan, » déclare Georgette Gagnon, directrice Afrique à Human Rights Watch. «De tout évidence, les autorités soudanaises ne réussissent pas à maintenir les standards internationaux y compris ceux convenus avec l’Union africaine à Juba en mars. » ajoute-t-elle.
« On a empêché les opposants de mener des activités pacifiques, ils ont été arrêtés et torturés. Il est évident que des élections menées dans ce contexte seront fortement compromises», affirme Osman Hummaida, directeur exécutif du Centre d’études africain pour la justice et la paix.
Afin de veiller aux événements sur le terrain, les militants regarderont le site du Sudan Vote Monitor (www.sudanvotemonitor.com), un projet lancé par la société civile soudanaise pour signaler toute violation durant les élections.
« Le respect, la protection et la promotion des droits de l’homme par tous ceux qui sont impliqués dans l’élection (dont le gouvernement, les candidats, et les partisans) sont d’une importance cruciale. Le Soudan doit mettre fin au cycle de violence, d’insécurité et d’abus des droits de l’homme dans le pays », a déclaré Erwin van der Borght, directeur Afrique d’Amnesty International.
Les élections sont censées être une étape clé dans la mise en œuvre de l’accord global de paix de 2005. Les participants à la campagne Sudan365 appellent la communauté internationale à s’engager plus intensément dans le soutien aux parties soudanaises pour résoudre les dossiers restés en suspens en amont du référendum prévu en janvier 2011 et accroître les mesures de protection des civils au cours de l’année. La campagne appelle :
· Le Gouvernement d’Unité Nationale et le gouvernement du sud Soudan à respecter les droits à la liberté d’expression, d’association et à la réunion pacifique et à garantir la liberté de mouvement à tous les observateurs des élections à travers le pays ;
· Les missions d’observation des élections qui ont décidé de rester au Soudan à surveiller et s’exprimer sur le contexte des droits humains avant, pendant et après les élections ;
· La communauté internationale à s’exprimer sur les violations graves des droits humains ;
· La mission des Nations unies à accroître sa présence et à faire des patrouilles dans les zones volatiles, en accord avec son mandat de protection des populations civiles ;
* Les décideurs internationaux à s’accorder avec les parties soudanaises sur une stratégie d’engagement international après le référendum.
« Ceci est un appel à la vigilance des décideurs. Les élections commencent demain. Le référendum est dans moins de neuf mois. La situation au Soudan reste désastreuse. L’intensification récente de la violence au Darfour montre que le conflit est loin d’être fini. L’accord de paix global qui a mis un terme à la guerre civile qui a causé la mort d’au moins 2 millions de personnes, reste fragile et la violence interethnique s’intensifie. Nous avons besoin d’une réponse internationale engagée et coordonnée. Dès maintenant. » déclare Joel Charny, vice président de Refugees International, qui participe à la campagne.