Somalie : les tribunaux islamiques veulent couler les pirates


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Les tribunaux islamistes ont affirmé avoir pris, dimanche, la ville d’Haradere, située dans le Centre de la Somalie. Bien décidés à chasser les pirates qui y prospèrent, les islamistes, qui étendent toujours plus leur main-mise sur le territoire, entendent interdire la piraterie et punir les contrevenants en se basant sur la charia.

Les pirates ne passeront plus par là. L’Union des tribunaux islamistes (UTI) a affirmé avoir pris, dimanche, la ville d’Haradere, située dans le Centre de la Somalie. Selon un témoin interrogé par l’Agence France Presse (AFP), les pirates ont eu vent de l’offensive de l’UTI et ont fui « jeudi et vendredi ». Ce qui pourrait expliquer que les islamistes, apparemment nombreux et bien équipés, ont rencontré peu de résistance sur leur passage.

Située à 300 kilomètres au Nord de la capitale Mogadiscio, Haradere est le repère des pirates appartenant au groupe des Défenseurs des eaux territoriales de Somalie. Dirigé par le chef de guerre local Abdi Mohamed Afweyne, il serait à l’origine de plusieurs détournements de bateaux voguant dans les eaux de l’Océan indien. Sheikh Hassan Dahir Aweys, leader du Conseil suprême islamique de Somalie (SICS), avait déclaré, fin juillet, que le SICS voulait contrôler la ville côtière pour bouter les pirates hors de la zone. Ironie du sort, il a été pris de court par ceux qui l’ont chassé de Mogadiscio.

Criminalisation de la piraterie

Une fois en possession de la ville, les islamistes se sont placés en libérateurs d’un peuple opprimé. « Les tribunaux islamiques ont pris le contrôle complet de Haradere et nous avons été bien accueillis par les habitants qui étaient auparavant à la merci des pirates. L’ère de banditisme et de piraterie est révolue. Le gens pourront désormais gagner leur vie paisiblement en pêchant ou en ayant d’autres activités, mais pas en étant pirates », a indiqué à l’AFP Sheikh Said Ali, un représentant des tribunaux islamiques de Mogadiscio.

L’UTI va plus loin et condamne fermement la piraterie. « Les pirates ont maltraité des personnes sur les eaux territoriales de la Somalie et ont entamé notre crédibilité. (…) Leurs actions étaient illégales, inacceptables et non islamiques. Quiconque serait suspecté d’aider les pirates ou d’être parmi eux sera puni en accord avec la charia. Nous allons détruire les pirates et les faire disparaître », a ajouté Sheikh Said Ali, joint par téléphone par l’agence française. Un voeu pieux pas impossible, car des informations rapportées par le site de la BBC indiquent que le nombre d’attaques de pirates a baissé depuis que les islamistes gagnent du terrain.

Une extension qui n’est pas du goût de tous. L’UTI, qui bénéficierait du soutien de L’Erythrée, contrôle la capitale Mogadiscio et quelques villes du Sud et, depuis la semaine dernière, Beledweyne. De quoi encore fragiliser le gouvernement de transition basé à Baidoa, qui perd du terrain en dépit du soutien présumé de l’Ethiopie. L’Ethiopie dont des soldats seraient massés à sa frontière avec la Somalie. D’où les craintes d’escalade des violences, d’autant que l’embargo sur les armes qui frappe la Somalie ne semble pas être respecté.

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