Sida : un espoir de vaccin part en fumée


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Le laboratoire pharmaceutique américain Merck & Co a annoncé en fin de semaine dernière l’arrêt des essais de son « candidat vaccin » contre le sida. Notamment testé aux Etats-Unis, en Amérique latine et en Afrique du Sud, le V520 – jugé prometteur – s’est révélé inefficace pour empêcher la contamination et réduire la charge virale. La déception est grande, mais l’espoir demeure.

« Le virus [du sida] est extraordinairement divers dans le monde, évolue rapidement même chez un seul individu infecté et effectue des mutations pour échapper aux défenses immunitaires de l’organisme lors d’une même infection », déclarait en 2006 le Dr Bette Korber, une chercheuse des Laboratoires Nationaux de Los Alamos (Nouveau-Mexique) devant la conférence annuelle sur les rétrovirus. D’où la difficulté de trouver un vaccin. Le laboratoire pharmaceutique américain Merck & Co en a fait l’amère expérience. L’Institut national américain des allergies et des maladies infectieuses a annoncé, vendredi soir, qu’un comité indépendant a décidé d’arrêter les tests de son « candidat vaccin » V520.

La raison ? Le prototype du laboratoire pharmaceutique américain Merck s’est révélé inefficace pour protéger les personnes saines ou réduire la charge virale de celles atteintes par le virus de l’immuno-dédicience humaine (VIH). Sur 741 individus ayant reçu le V520, 24 ont été infectés par le VIH contre 21 chez les 762 à qui a donné un placebo. C’est ce qui ressort du premier bilan intermédiaire des essais de la phase II. Des essais qui étaient effectués chez des séronégatifs à risque (homosexuels, prostituées…) âgés entre 18 et 45 ans, originaires des Etats-Unis, d’Australie, du Pérou, du Brésil, de Porto Rico et, depuis le 8 février, d’Afrique du Sud.

Grande déception et espoir

Une grande déception après les résultats encourageants des études préliminaires réalisées sur des animaux et sur un petit nombre d’humains. « Ce vaccin était considéré comme la stratégie la plus prometteuse et je pense que cet échec est une déception pour nous et pour tous ceux travaillant sur des vaccins », a reconnu le Dr Mark Feinberg, vice-président de Merck, cité par le New York Times. « C’est un jour très triste pour tous ceux impliqués dans la recherche d’un vaccin contre le VIH. Ce candidat était l’un des plus prometteurs depuis vu depuis 20 ans et il y avait beaucoup d’espoir qu’il marcherait. C’est très navrant de voir ces résultats », a déclaré à Afrik Sarah Alexander, chargée de la communication et des relations extérieures du réseau HIV vaccine trials network, qui teste des vaccins expérimentaux contre le sida et a participé à l’expérience avec le V520.

L’heure est maintenant à la réflexion. « L’essai n’est pas arrêté, ce sont juste les vaccinations. Nous continuons à faire des visites de suivi avec les participants pour en savoir plus sur pourquoi cette stratégie n’a pas fonctionné. Il reste encore à faire beaucoup d’analyses de fond des données », souligne Sarah Alexander. Elle précise que les recommandations du Conseil de surveillance des données et de la sécurité détermineront la marche à suivre à l’avenir concernant ces essais.

Une trentaine d’essais de « candidats vaccins » thérapeutiques ou préventifs plus ou moins aboutis sont actuellement en cours. Certains sont d’ailleurs calqués sur le modèle du V520, le premier vaccin d’une nouvelle classe qui ne se base pas sur la production d’anti-corps attaquant le VIH mais sur la production de lymphocytes T, cellules immunitaires chargées de la défense anti-virale. Tous les espoirs pour un vaccin ne sont donc pas perdus.

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