Sida : les firmes pharmaceutiques tiennent à leurs brevets


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Globe terrestre
Globe terrestre représentant une partie de l'Afrique

Produits brevetés contre produits génériques, le procès, opposant firmes pharmaceutiques et gouvernement sud-africain, met en lumière le rapport de forces entre  » logique économique  » et  » survie d’un peuple « , entre le Nord, puissant et avancé, et le Sud, pauvre et en voie en développement.

Tous les pays en voie de développement, touchés par le Sida, ont les yeux rivés sur l’Afrique du Sud. La Haute Cour de Pretoria a commencé, lundi dernier, l’examen de la plainte de 39 firmes pharmaceutiques contre une loi sud-africaine favorisant l’accès aux médicaments « génériques » à bas prix, un procès crucial pour des millions de malades du Sida dans les pays en développement. Le géant pharmaceutique GlaxoSmithKline (GSK) a plaidé en faveur du système des brevets, qui protège les médicaments des grands laboratoires des copies à bon marché. « La position de l’industrie pharmaceutique est que le système des brevets doit être maintenu », a déclaré à l’AFP Phil Thompson, porte-parole de GlaxoSmithKline, numéro un mondial en termes de chiffre d’affaires, issu fin 2000, de la fusion entre les britanniques Glaxo Wellcome et SmithKline Beecham.

Les milliards du procès

Le procès des groupes pharmaceutiques est « une action vraiment insensible et hypocrite », s’indigne Justin Forsyth, porte-parole d’Oxfam, association caritative britannique qui a lancé la campagne  » baissez les prix « , il y a deux semaines, pour qui « le problème soulevé par le procès est de savoir si le gouvernement sud-africain a le droit de produire les médicaments les moins chers possibles pour répondre à l’énorme crise de santé publique qui frappe le pays ».

L’Afrique du Sud a instauré, en 1997, une loi lui permettant de contourner les médicaments brevetés pour les produits génériques, asiatiques. La facture annuelle de la prise en charge des Sud-africains atteints du Sida s’élèverait à près de 40 milliards de dollars si ce procès venait à donner raison aux firmes pharmaceutiques. L’association sud-africaine Treatment Action Campaign a été acceptée pour participer au procès. Elle entend plaider pour  » la violation des brevets « .

Ce procès nuit à l’image des entreprises pharmaceutiques. Plusieurs d’entre elles ont pris des initiatives commerciales pour redorer leur blason. Ainsi, le géant américain de la pharmacie Merck envisage de nouvelles baisses de prix importantes pour ses médicaments anti-sida à destination de l’Afrique, a annoncé son PDG, Raymond Gilmartin, au Wall Street Journal Europe. Sans fournir aucun chiffre.

Le procès est ajourné au 18 avril et le jugement sera mis en délibéré. Le verdict ne sera donc pas prononcé avant plusieurs mois.

Voir aussi l’article : l’importation de médicaments génériques est légale.

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