« Si Ravalomanana ne revient pas, Madagascar explosera »


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Les négociations ont repris cette semaine sur la Grande Ile, pour tenter d’apaiser les tensions politiques qui secouent le pays. Dans ce cadre, une mission militaire de la SADC, la Communauté de développement d’Afrique australe qui joue les médiateurs, a rencontré les militaires malgaches pour évaluer la situation sécuritaire de l’île. Pour le général Ranto Rabisoa, qui dirige le conseil militaire de la défense nationale (CMDN), la situation semble plutôt bonne pour ce qui est de la tenue de la prochaine présidentielle, prévue en mai 2013.

Le pays n’est pas à l’abri d’un « facteur de troubles nouveaux ». Et selon le général, le retour de l’ancien président Marc Ravalomanana « peut » justement être un facteur de complications. Or, statuer sur le retour ou non de l’ancien chef d’Etat au pays, tel est justement le but de ces consultations. La délégation militaire de la SADC quitte le pays ce vendredi. Entretien avec Ravelonjohany, avocat et membre du parti malgache FBM (le parti arc-en-ciel), qui craint une contestation populaire ou une explosion sociale si Marc Ravalomanana est interdit de retour, l’empêchant ainsi de participer à la prochaine élection présidentielle.

Afrik.com : En ce moment, quelle est la situation sécuritaire de Madagascar ?

Ravelonjohany :
Elle est mauvaise et morose. Tous les jours, on entend des cris par-ci, par-là. On n’est pas en sécurité. La situation est lamentable. Toute la population est touchée par toutes sortes d’infractions : des crimes odieux, attaques à main armée, des tueries. Les gros bonnets, y compris dans le pouvoir, profitent de la transition politique pour dilapider nos richesses, en rasant notamment nos forêts. Et c’est le petit peuple qui empathie.

Afrik.com : Que pensez-vous de la mission sécuritaire de la SADC ?

Ravelonjohany :
Ils mènent une évaluation de la situation. Ils recueillent les avis des dirigeants, acteurs politiques, ainsi que celui des militaires. Leur mission n’est pas très réjouissante, ce sont de simples avis. Elle n’aboutira à rien, car ils ne sont pas prêts à prendre le taureau par les cornes. Des déclarations ne changeront rien à la situation critique de Madagascar, même les acteurs politiques le pensent. Cela fait maintenant trois à quatre ans que la SADC essaye de trouver une solution, mais la crise perdure.

Afrik.com : Pourquoi le retour de Marc Ravalomanana est un facteur de complications ?

Ravelonjohany :
En premier lieu, Marc Ravalomanana constitue une force politique non négligeable dans l’échiquier politique malgache. Il dispose toujours de partisans dans le pays. Si on ne le laisse pas revenir, il y aura des troubles. Sans compter la complication d’ordre institutionnel, sur le plan national et international. Hormis ses partisans, deux autres mouvances de deux anciens présidents -Ratshiraka et Zasy- réclament son retour.

Afrik.com : Quel danger encourt le pays à sept mois de l’élection présidentielle ?

Ravelonjohany :
« L’ivoirisation » de la crise malgache. La réconciliation est impossible sans le retour de Marc Ravalomanana. Ne serait-ce que pour l’organisation de l’élection présidentielle. Sinon, il n’y aura pas une élection libre, juste et transparente, ni de paix sociale. Puisque les acteurs politiques sont les mêmes, ceux qui ont plongé le pays dans la crise et la pauvreté. Quant à la réconciliation, elle n’a ni débuté ni été décrétée.

Afrik.com : Quelles sont, selon-vous, les solutions appropriées ?

Ravelonjohany :
Il faut écarter les anciens acteurs politiques du pouvoir. Il faut, en outre, changer les principes et pratiques du nouveau code électoral, qui n’a donc pas amélioré l’ancienne législation.

Afrik.com : Est-ce que Madagascar peut être victime d’un nouveau coup d’Etat ?

Ravelonjohany :
Une chose est sûre, l’élection présidentielle de mai apportera une autre crise et contestation populaire. Même s’il n’y a pas de Coup d’Etat, il y aura un coup d’éclat voire une explosion sociale. Madagascar n’est pas très loin d’en être encore victime.

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