Sénégal : les vols à l’arrachée plongent les populations dans la psychose


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Vol à l'arrachée
Vol à l'arrachée

Les vols à l’arrachée sont devenus un véritable fléau au Sénégal. Face à l’absence de mesures de la part des autorités pour endiguer ce mal, les populations vivent une psychose sans précédent.

Les rues et avenues du Sénégal sont, depuis quelque temps, transformées en véritable foire aux agressions. Des vols, très souvent accompagnés de violence, sont notés dans ce pays d’Afrique de l’Ouest. Ils sont souvent à bord de moto, à deux ou trois. Et ceux qui sont derrière le conducteur se chargent de commettre le forfait. Téléphone portable, sac à main et même cartable, tout y passe. Et souvent, lorsque la victime tente d’opposer une résistance, il se fait violenter.

Il faut noter que ce fléau coïncide avec l’arrivée massive des motos-taxis dit « Jakarta » dans le pays. Ces engins motorisés à deux roues sont importés de Chine. Ils sont devenus un moyen courant de transport en commun. Et les propriétaires de ces engins en font usage pour commettre des agressions. D’ailleurs, ils sont appelés éperviers ou buses, tellement leur geste est furtif et précis. « Ils parviennent à t’arracher un objet alors que leur moto roulent à vive allure », confie cette sexagénaire, qui avait suivi la scène.

« Trois à bord d’une moto Jakarta »

Lundi matin, 08h30, dans le paisible quartier de Dixième. Un ancien Quartier général du colon français, dont il tient d’ailleurs le nom. 10ème Régiment d’infanterie d’Afrique d’Outre-Mer. Une femme venait de se faire arracher son téléphone portable, alors qu’elle était en pleine communication. Elle n’avait que ses yeux pour pleurer. Ce qu’elle a d’ailleurs fait, quand nous sommes arrivés sur place. En sanglots pendant une dizaine de minutes, elle pouvait après revenir sur les faits.

« Alors que je marchais tranquillement au bord de la route, j’ai entendu mon téléphone sonner. J’étais en retard et je parlais à mon supérieur pour lui expliquer que je sortais ainsi de l’hôpital où j’ai conduit ma nièce malade. A peine quelques secondes de communication, j’ai senti comme une gifle et mon téléphone n’était plus entre les mains. A vrai dire, ils m’ont giflé en arrachant mon téléphone. Ils étaient trois à bord d’une moto Jakarta », relève la dame, toute abattue.

« Nous leur mettons facilement la main dessus »

Elle ne réalisait toujours pas ce qui venait de lui arriver. Sans cesse, elle répétait : « ce n’est pas bien ce qu’ils viennent de faire. Je n’ai jamais pensé qu’une chose pareille pouvait m’arriver ». Et c’est pourtant le cas. Comme cela arrive à nombre de citoyens qui ont la malchance de croiser le chemin  de ces voleurs spécialistes de l’arrachée. En effet, nous révèle cet officier de la police judiciaire, « nous en interpellons beaucoup. Surtout s’agissant des cas de vol de téléphone portable ».

« Lorsque la victime a les références du téléphone et que nous nous rapprochons des services des sociétés de téléphonie, nous leur mettons facilement la main dessus. Nombre d’entre eux croupissent en prison. Car ce sont très souvent des récidivistes dont les signalements nous ont été donnés. Nous avons que c’est un phénomène, mais nous tentons de le circonscrire. Car, ces agresseurs poussent comme des champignons. Ce sont des habitués au gain facile. Mais qu’ils comprennent que nous leur mèneront la vie dure », poursuit-il.

Pas un jour sans entendre des cris

Pour pouvoir les sanctionner, il faut d’abord leur mettre la main dessus. Ce qui n’est pas courant, car ces voleurs à la sauvette parviennent, le plus souvent, à semer leur proie qu’ils laissent pantois. M. Fall, qui habite aux abords du village artisanal de Thiès, témoigne qu’il ne se passe pas un seul jour, sans qu’il n’entende des cris venant soit de la victime, soit des populations qui en ameutent d’autres pour tenter d’arrêter un agresseur. « Et rares sont les fois où ils mettent la main sur le voleur ».

« Cela fait mal au cœur. Les populations sont terrorisées par ces nouveaux types de voleurs. Je pense que les autorités sont bien informées de cette situation et elles doivent tout faire pour mettre fin à ce fléau qui empêche les citoyens de dormir sur leurs deux oreilles. Aujourd’hui, nul n’est à l’abri de leurs actes. Et il est temps d’agir. Surtout que nous avons et la police et les agents de sécurité de proximité. Ils peuvent bien faire quelque chose », insiste le quinquagénaire.

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Journaliste pluridisciplinaire, je suis passionné de l’information en lien avec l’Afrique. D’où mon attachement à Afrik.com, premier site panafricain d’information en ligne
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