
Visible un peu partout sur les réseaux sociaux, une vidéo fait le buzz sur la toile. On y aperçoit l’ambassadeur d’Israël à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Poursuivi par une foule d’étudiants en furie, le diplomate se dépêche de regagner son véhicule avant de quitter les lieux. Que s’est-il passé ? Afrik.com a tenté d’en savoir plus.
L’Ambassadeur d’Israël à Dakar a passé un mauvais quart d’heure, mardi, à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar. Pour sa toute première apparition officielle au Sénégal, le représentant diplomatique d’Israël n’a pas connu un accueil des plus chaleureux. Invité à participer à une conférence académique à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD), l’ambassadeur Yuval Waks a été rapidement confronté à une vive opposition de la part d’un groupe d’étudiants. Hostiles à sa venue, ces derniers ont contraint le diplomate à quitter précipitamment les lieux, escorté par ses agents de sécurité.
Une action des étudiants de la coalition Sénégal-Palestine
L’ambassadeur a été exfiltré à bord de trois véhicules garés près des jardins de l’Ucad 2, à proximité de la faculté d’Odontologie. Des vidéos de l’incident ont largement été diffusées sur les réseaux sociaux. Brandissant des drapeaux palestiniens et scandant des slogans tels que « Israël assassin », « Netanyahu criminel » ou encore « Free Palestine! », les protestataires, peu nombreux mais résolus, ont poursuivi l’ambassadeur sur le campus. Leur objectif était clair : empêcher sa participation à l’événement.
Après plusieurs minutes de tension, ils ont réussi à obtenir son départ forcé. Afrik.com a tenté d’en savoir un peu plus sur cet incident. « Je pense que c’est les étudiants de la coalition Sénégal-Palestine qui ont fait ça. Peut-être qu’ils l’ont fait vu le contexte international, vu que certaines organisations accusent l’État d’Israël de commettre un génocide à Gaza », explique Saliou, étudiant.
« Des étudiants pro-palestiniens avaient organisé des marches »
« Dans les campus, ce n’est pas seulement au Sénégal, même aux Etats-Unis, à l’université de Columbia par exemple, Harvard, des étudiants pro-palestiniens avaient organisé des marches pour protester contre ce qui se passe en Palestine. C’est dans cette ligne droite que certains étudiants sénégalais membres de la coalition Sénégal-Palestine se sont inscrits. Ils ont dit qu’ils trouvaient injuste que l’ambassadeur israélien vienne faire une conférence de presse alors que les Gazaïdes n’ont pas l’occasion de marcher tranquillement, sans craindre qu’ils soient tués par une frappe aérienne israélienne. Ils se sont dit qu’ils n’allaient pas accepter que l’ambassade israélienne foule le sol de l’université de Dakar », précise notre interlocuteur.
A la question de savoir si les avis sont unanimes sur cet acte, Saliou relativise : « Les réactions diffèrent. Certains diront que c’est un acte antisémite, comme c’est la mode en ce moment. C’est une polarisation, ce n’est pas seulement le conflit israélien, nous avons vu le conflit russo-ukrainien aussi. Il y a un positionnement des gens, certains sont pour la Russie, d’autres pour l’Ukraine. C’est le monde qui est divisé, on parle de monde multipolaire mais en réalité c’est un monde bipolaire. Il y a deux blocs, le bloc occidental et le bloc anti-occidental ».
« Il y a eu des manifestations contre la guerre du Vietnam »
« Il y a des gens qui sont contre le bloc occidental parce qu’ils disent qu’il soutient Israël. Il y a des gens qui disent qu’ils sont contre l’état d’Israël, qui selon eux commet un génocide en Palestine », précise-t-il. La solidarité entre les deux pays peut être significative ? « Oui, ça peut être significatif. Si on prend l’exemple de la guerre du Vietnam, c’est dans les campus que tout avait commencé. Il y avait eu des manifestations mais sans doute dans le monde entier, il y a eu des manifestations. Il y a eu des manifestations contre la guerre du Vietnam, c’est là où tout a commencé », lance-t-il.
« Il y a 5 ans après que les États-Unis ont quitté le Vietnam. C’était la première guerre militaire américaine de l’histoire. Le contexte est un peu différent parce que la mobilisation contre la guerre du Vietnam dans les campus universitaires était plus forte qu’en ce moment. Dans les universités de manière générale, il n’y a pas eu une forte mobilisation en faveur de la Palestine si on prend en compte toutes les universités dans le monde par rapport à la guerre du Vietnam », conclut-il.
A la tête de l’ambassade d’Israël au Sénégal depuis mars
Yuval Waks, ancien numéro deux de la mission diplomatique israélienne en Chine, a été nommé en mars 2025 à la tête de l’ambassade d’Israël au Sénégal. Toutefois, il n’a remis ses lettres de créance au Président sénégalais Bassirou Diomaye Faye que le 8 mai suivant. Ce délai pourrait s’expliquer par les vives tensions diplomatiques liées aux opérations militaires israéliennes dans la bande de Gaza, largement condamnées par les autorités sénégalaises.
Au Sénégal, une partie importante de la population appelle à une rupture des relations diplomatiques avec Israël, en réaction aux nombreuses victimes civiles, notamment parmi les femmes et les enfants palestiniens. Lors d’une manifestation nationale contre les actions de l’armée israélienne organisée à Dakar en septembre 2024, le Premier ministre sénégalais avait exprimé une critique virulente à l’égard du gouvernement israélien. Il avait notamment accusé son chef de persister dans une stratégie violente pour des raisons de survie politique personnelle.