Sénégal : Macky Sall doit-il s’étonner des nombreux accidents de la route ?


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Le Président du Sénégal, Macky Sall
Le Président du Sénégal, Macky Sall

Le Président du Sénégal, Macky Sall, en marge de la présentation du matériel de contrôle des titres de transport numérisés et de la sécurité routière, a, une nouvelle fois, condamné la recrudescence des accidents sur la route, et promis des mesures fortes après les propositions attendues du ministre Oumar Youm. Le chef de l’Etat doit-il s’étonner de la multiplication des accidents ?

C’était ce mardi 21 mai 2019, lors de la présentation du matériel de contrôle des titres de transport numérisés et de la sécurité routière dans le cadre du Capp Karangë, en présence du ministre des Infrastructures des Transports terrestres et du Désenclavement, Me Oumar Youm, de Cheikh Oumar Gaye, directeur des Transports routiers et de Michel Thomas, directeur général de Gemalto Sénégal, que le Président du Sénégal, Macky Sall, s’est emporté contre les nombreux accidents, souvent mortels.

Une réaction du chef de l’Etat de ce pays d’Afrique de l’Ouest qui étonne plus d’un d’autant que les routes du Sénégal, elles-mêmes sont plus que meurtrières avec un ministère des Transports et des Infrastructures quasi-inexistant. En ce sens qu’il suffit d’emprunter les routes nationales du Sénégal pour se rendre compte que l’émergence reste un mot vain s’agissant de l’entretien de ces infrastructures, pour la plupart réalisées par les colons qui avaient demandé aux Sénégalais de juste les entretenir. Hélas.

L’exemple de l’axe Diamniadio-Bargny (à une trentaine de kilomètres du palais de Macky Sall), est patent, avec au moins une dizaine de nids de poule, qui ont causé pas moins d’une centaine d’accidents, au vu et au su des autorités, qui, depuis plus de trois ans que ces trous sont sur la chaussées, n’ont pas levé le plus petit doigt pour les boucher. Pourquoi ? Il se dit qu’au Sénégal, les petits chantiers n’intéressent personne, car il n’y a rien à grignoter dedans. Et pendant ce temps, des vies sont menacées sur cet axe, surtout que ces trous en question se situent sur un tronçon comportant un virage dangereux. Le Président et sa suite ont mieux à faire que de poser des questions dont ils ont eux-mêmes la réponse.

Autre question à se poser par le gouvernement pour penser éradiquer le fléau des accidents, celle relative à l’indiscipline des conducteurs. Comment se fait-il que des gendarmes, armés de Kalachnikov, se pointent un peu partout dans le pays, surtout sur les tronçons des autoroutes à péage, et ciblent, de préférence, les véhicules de transport, notamment ceux dits clandestins ? Ces véhicules, souvent à l’origine de nombreux accidents, du fait de la précipitation dans la conduite, par des chauffeurs, mus par le gain, compte tenu d’une conjoncture que tout le monde connaît, ponctuée d’une croissance annoncée qui tend vers les deux chiffres, avec des Sénégalais à la poche et au ventre vides, ne sont jamais inquiétés et reprennent toujours la route, tant que leur moteur le permet.

En effet, ces chauffeurs reprennent toujours la route. Comment font-ils pour passer entre les mailles des filets de la police et de la gendarmerie. Quid des camions qui font des dégâts énormes en termes de morts, avec des véhicules pires que des cercueils ambulants et détenant des documents de transport en bonne et due forme. L’Etat a les renseignements généraux pour comprendre que l’indiscipline est encouragée.

Dans tous les pays du monde, les lois sont faites pour être violées certes, mais la sanction sert à dissuader. Et elle est souvent faite à hauteur de la faute. Sauf que le Sénégal, c’est le pays où nombreux sont les agents des forces de sécurité qui prennent systématiquement leurs week-ends. Pour la plupart, par centaines, ils déferlent sur les trottoirs et font de l’auto-stop, d’autres rentrent chez eux, avec leur voiture de fonction, la plupart parquée le soir devant leur domicile, aux effigies de la police ou de la gendarmerie. Ces pick-up, sensés dissuader les délinquants et autres, décorent malheureusement les devantures des maisons des officiers, le soir et au moment de la pause.

Une indiscipline encouragée par les gradés eux-mêmes dont les voitures de fonction sont utilisées pour transporter leurs enfants à l’école ou accompagner madame faire son marché. Inutile d’aller plus loin. Quand on apprend qu’en Algérie, un gendarme a été sanctionné pour avoir transporté son mouton de tabaski dans la voiture de service. Par ailleurs doit-on s’étonner qu’il y ait des agressions en série, des meurtres, alors que les agents sensés sécuriser le pays, par la dissuasion d’abord du fait d’une présence massive sur le terrain, de jour comme de nuit, sont dans les casernes, dans un pays qui connaît une certaine accalmie. Au Sénégal, le mal est profond. Trop profond, mon cher Président Macky Sall. En réalité, c’est une crise d’autorité qui existe dans ton pays.

Un Président doit-il tolérer à son ministre des Transports des nids de poule sur une route quelconque, surtout nationale, pendant plus de trois ans ? Un Président doit-il tolérer un véhicule en panne, surtout un camion, passer la nuit au milieu de la chaussée, si ce ne sont pas des jours ? Un Président doit-il tolérer que des civils gèrent la circulation dans plusieurs artères de sa capitale, parce que les agents de la circulation sont affairés ailleurs ? C’est tristement le cas dans ton pays, monsieur le Président. Juste penser à d’abord balayer devant ta maison, qui est trop… SALL.

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Une plume qui balance entre le Sénégal et le Mali, deux voisins en Afrique de l’Ouest qui ont des liens économiques étroits
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