Sénégal : les effluves belliqueuses du coca moisi


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coca Cola

L’affaire du  » coca moisi  » catalyse les rivalités entre associations de consommateurs au Sénégal. Alors que la production du Coca Cola a repris, ces associations s’opposent sur leur représentativité. La production a repris sur ordre du gouvernement.

Ce qu’on pourrait appeler l’affaire du  » coca moisi  » au Sénégal aura mis en exergue les rivalités entre associations de consommateurs. Plantons le décor. D’une part, l’Association des consommateurs sénégalais (ASCOSEN), rassemble  » 15 700 membres avec carte  » comme le précise Momar Ndao, son président national. L’association se dit la plus active et la plus représentative. D’autre part, l’Association sénégalaise des consommateurs (ASDEC) se prévaut de 8200 membres. Elle est aussi membre de l’Organisation internationale des consommateurs (OIC). L’élément catalyseur, la découverte de moisissures dans des bouteilles de Coca Cola et de Sprite.

C’est l’ASCOSEN qui révèle que des moisissures sont présentes dans des bouteilles de Coca Cola et de Sprite. Elle apporte comme preuve des bouteilles d’un litre. La Société des brasseries ouest africaines (SOBOA) avance pour sa part que les bouteilles avec capsule pouvaient être trafiquées. Le ministère du Commerce a été informé et a décidé lundi 21 août la suspension provisoire de la production de la SOBOA. Cette dernière est responsable de l’embouteillage des boissons incriminées. La décision sera prise après autorisation du président de la République, ajoute M Andy, conseiller en communication du ministre du Commerce, compte tenu de la gravité de la décision : la SOBOA emploie près d’un millier de personnes. Après expertise du ministère, la suspension est levée le vendredi suivant.

La légèreté ministérielle en cause

L’ASDEC s’insurge alors contre cette procédure, qui selon elle, porte préjudice aux actions à venir des associations de consommateurs. Légèreté pouvant discréditer la production locale. Les Sénégalais se retourneraient vers des produits importés dont il serait difficile de contrôler la qualité. Le ministère, selon le secrétaire exécutif de l’association M. Pape Samba N’Diaye, n’aurait pas dû s’appuyer sur le témoignage d’une seule association, en l’occurrence l’ASCOSEN.

L’ASDEC reproche à celle-ci de ne pas avoir de relais régional et d’être peu représentative. Critiques auxquelles l’ASCOSEN répond en affirmant que sa crédibilité n’est en aucun cas entamée. L’ASCOSEN, s’étant distinguée par de multiples actions concernant des produits impropres à la consommation. Et de rappeler l’épisode de Vitalait, ce lait qui avait tourné, poussant la société productrice à un investissement de 11 millions de F CFA. Investissement nécessaire au remaniement de ses emballages.

Une accusation tout de même justifiée

L’ASCOSEN fustige la passivité de l’ASDEC. De fait l’ASDEC, selon elle, tenterait au travers de ces reproches de récupérer cette vague de protestation de consommateurs, justifiant ainsi son action auprès des instances dirigeantes de l’OIC. L’organisation traverserait une crise financière qui la porte à s’interroger sur l’action des associations nationales subventionnées par elle.

Le ministère du Commerce, interrogé sur son action, rappelle qu’il se doit de répondre à toute alerte. C’était le cas pour l’affaire du  » coca moisi  » même si les analyses ont permis la reprise de la production. D’autant plus que la SOBOA a reconnu que les bouteilles avaient été mal refermées, cause de la formation des moisissures. Pour palier le problème, elle s’est engagée à investir dans deux  » mirages « , dispositifs qui permettent le contrôle qualité.

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