Sénégal : la chanteuse Sister Fa avoue être victime de l’excision


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Pour avoir été victime de cette pratique peu orthodoxe et qualifiée de crime, la chanteuse sénégalaise, originaire de la Casamance, Fatoumata Mandiang Diatta, plus connue sous le pseudo de Sister Fa, reconnaît son engagement dans la lutte contre l’excision. En tournée de sensibilisation la semaine dernière au Fouta (nord du Sénégal), elle a été interdite d’activité par des individus qui eux sont pour l’excision.

(De notre correspondant à Dakar)

Elle avait entrepris une vaste tournée de sensibilisation sur les méfaits de l’excision. Sister Fa qui avait comme programme de sillonner les écoles du nord du Sénégal, dans le but de sensibiliser les élèves sur les méfaits et les dangers de l’excision, a commencé par les localités de Pété, Mboumba et comptait passer par Aéré-Lao avant de boucler par Podor. Sauf que son discours n’avait pas reçu la même perception partout. Arrivée à Aéré-Lao, la chanteuse s’est heurtée à une résistance farouche d’individus pro-excision, qui ont failli lui faire la fête, n’eut été l’intervention musclée d’enseignants qui se sont farouchement opposés à son lynchage. Quoiqu’elle a failli être blessée.

« Je suis victime de l’excision »

« Je viens de Thionk Essyl (village de la Casamance), donc d’un milieu où la pratique de l’excision est vraiment ancrée. En tant qu’artiste et porteuse de voix, je me suis dit que ce serait intéressant d’impliquer ces jeunes pour leur faire comprendre que c’est une violation flagrante de leurs droits. Je suis victime de l’excision. Je ne suis pas étrangère à ces maux causés par ces pratiques », a confié la chanteuse au Populaire pour justifier son implication dans la sensibilisation sur ce fléau mondial. Sauf que les populations d’Aéré-Lao ne lui ont pas laissé le temps de finir son exposé, alors qu’elle avait réussi à captiver l’attention des élèves. « Nous avons commencé les travaux et les élèves manifestaient un grand intérêt vis-à-vis du thème. Au bout d’une quinzaine de minutes, nous avons reçu la visite d’une trentaine d’individus qui n’ont pas pu accéder à la salle, parce que les professeurs s’étaient érigés en bouclier pour les bloquer », explique la jeune chanteuse.

« Porter un message et non pour lutter contre l’excision »

Prétextant qu’ils étaient venus assister à l’exposé, les individus en question ont reçu l’approbation de la chanteuse d’accéder à la salle. Ce qui n’était pas une bonne idée, car ils finiront par interrompre la séance. « Lorsque j’ai commencé à évoquer la loi qu’Abdou Diouf (ancien Président du Sénégal de 1981 à 2000) avait promulguée sur l’excision, ils m’ont interrompu pour me dire que leur khalife leur a dit que si je suis là pour lutter contre l’excision, je ferai mieux de quitter les lieux pendant qu’il est encore temps. Je leur ai dit que je suis là pour porter un message et non pour lutter contre l’excision. N’empêche, ils ont commencé à m’insulter et à s’agiter au point de blesser un enfant », raconte Sister Fa qui doit son salut aux élèves qui ont formé un bouclier solide autour d’elle, empêchant aux défenseurs de l’excision de lui faire passer un sale quart d’heure. Après cette mésaventure, Sister Fa a, pour des raisons de sécurité, vite quitté les lieux pour poursuivre sa tournée à Podor où par contre tout s’est bien passé.

Notons que la chanteuse n’en est pas à sa phase d’essai. Déjà en 2010, elle avait effectué une tournée similaire à Thiès, Mbour Kaolack et Dakar. En 2012, elle était hôte des villes de Ziguinchor, Vélingara, Sédhiou, Kolda et autre Thionk-Essyl. Des localités où la pratique de l’excision est plus que jamais courante, même si elle se fait de façon clandestine, sur des nouveau-nées qui ne comprendront que lorsqu’elles atteindront l’âge de Sister Fa.

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Journaliste pluridisciplinaire, je suis passionné de l’information en lien avec l’Afrique. D’où mon attachement à Afrik.com, premier site panafricain d’information en ligne
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