Sénégal, Immigration : Macky Sall emprunte une voie clandestine


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Macky Sall, Président du Sénégal
Macky Sall, Président du Sénégal

Macky Sall a évoqué la Stratégie nationale de prévention et de lutte contre la migration clandestine. Un phénomène qui a engendré de nombreux morts, ces derniers temps. Seulement, les pistes de réflexion avancées par le Président sénégalais ne sont visiblement pas les bonnes.

Le Sénégal est devenu la nouvelle plaque tournante de l’émigration clandestine. Depuis quelque temps, ce sont des centaines, voire des milliers de migrants qui, chaque semaine, quittent les rives de ce pays ouest-africain. Direction, l’Europe pour prétendre à de meilleures conditions de vie. Malgré les moyens déployés par l’Europe et le Sénégal pour combattre ce fléau, le phénomène continue de prendre de l’ampleur.

Lutte contre le phénomène migratoire

En Conseil des ministres, Macky Sall a évoqué la Stratégie nationale de prévention et de lutte contre le phénomène migratoire. Comme dans ses habitudes, le dirigeant sénégalais a prononcé des mots forts sur un ton ferme. Le chef de l’État a instruit le Premier ministre de prendre les mesures nécessaires, avec les ministres concernés.

Il s’agit notamment de l’Intérieur, des Forces armées, de la Justice, des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur, de la Jeunesse, de l’Emploi et de l’Entreprenariat, de la Pêche et de l’Économie maritime… Macky Sall demande de prendre des « mesures sécuritaires, économiques, financières et sociales d’urgence, afin de neutraliser les départs de migrants à partir du territoire national ».

Aux origines de cette vague migratoire

Le chef de l’État a tenu à savoir les dispositions prises pour endiguer la vague de pirogues qui prennent « la mer de nos côtes, pour tenter de gagner les rives de l’Europe ». Macky Sall a dit ne pas comprendre que des pirogues bondées de monde en arrivent à cette extrémité. Mais aussi à « passer à travers les mailles du filet mis en place par les services de protection de la Marine ».

Lesquels services, (renseignement, garde-côtes, gendarmerie…) sont bien équipés et parfois soutenus par le Frontex, déclare-t-il. Des questions certes légitimes du Président sénégalais, mais insuffisantes. Car Macky Sall, en sa qualité de chef de l’Etat, semble éluder les origines de cette vague migratoire. La question la plus pertinente est de savoir ce qui pousse les Sénégalais à quitter leur pays ?

Mauvaise gestion de la chose publique

Il y a certainement une explication et la réponse devrait se trouver. Il suffit de regarder autour de soi. Et Macky Sall a visiblement fait exprès de ne pas poser cette question dont il connait certainement la réponse. La mauvaise gestion de la chose publique  et du pays de façon générale. Car, force est de reconnaitre qu’aucun secteur d’activité ne donne satisfaction aux Sénégalais.

Outre la question de la gestion sécuritaire que le dirigeant a implicitement évoquée, en partagent son étonnement de voir des pirogues bondées de monde passer, il y a le volet social qui semble échapper à Macky Sall. En réalité, le commun des Sénégalais se rend à l’évidence que le Président n’est intéressé que par les questions politiques. Les derniers développements en disent long sur ses choix de chef d’État.

Fermeté légendaire de Macky Sall

Un Président par ailleurs chef de parti, qui n’a d’yeux que sur le volet politique. Tout récemment, tous les ministres et responsables qui ont osé contester sa décision de choisir Amadou Ba comme dauphin ont été limogés. Tous, sans exception. Sur ce coup, les Sénégalais ont bien reconnu la fermeté légendaire de Macky Sall. Mais quid des autres ministres qui ont échoué quant à la gestion de la mission à eux confiée ?

Parce qu’au Sénégal, il y a bien un ministre de la Petite enfance, non inquiété malgré le nombre choquant d’enfants talibés (mendiants) présents dans la rue. Il ne risque rien. Pas même son poste. Dans un pays qui se respecte, la place du ministre de la Petite enfance serait en prison. Il y a bien un ministre de l’Éducation nationale, avec la pléthore d’écoles délabrées et une carence d’équipements scolaires.

Nommés pour mener une politique politicienne

Au Sénégal, il y a bien un ministre des Infrastructures, malgré les nombreuses routes abimées. Il y a bien un ministre de l’intérieur, bien en poste, malgré les nombreux cas de corruption signalés sur les routes. Ils sont tous bien à leur poste, non inquiétés. Pourquoi ? Tout simplement, parce qu’ils sont nommés pour mener la politique politicienne du chef de l’État.

Selon toute vraisemblance, Macky Sall leur demande uniquement des résultats politiques. Sans lesquels, ils risquent leur juteux poste. Des ministres qui sont sur le terrain politique, pour conserver leur poste. Gare à celui qui perd une élection dans sa localité ! Tu es simplement défenestré. Sans autre forme de procès. C’est la jurisprudence Macky Sall, qui déteste les échecs politiques.

Prétendre à un autre cadre de vie

Ce qui fait que les ministres et autres responsables ne sont là pour que leur propres intérêts. Ils font des pieds et des mains pour conserver leur fauteuil. Et c’est ce que les citoyens sénégalais ont compris. Ils  ne peuvent pas compter sur l’État pour s’en sortir. Ils ont alors décidé de prendre leur destin en main. Tenter de voir où trouver d’autres dirigeants, plus diligents.

Des perles rares qu’on ne trouve plus sur le continent africain. Ce qui, certainement, explique la ruée des migrants vers l’Europe, histoire de prétendre à un autre cadre de vie. Car en Europe, il y a au moins une prise en charge sociale. En Europe, il y a encore un tant soit peu de démocratie. En Europe, les dirigeants pensent un peu aux populations. En Afrique, continent dit du futur, c’est le désespoir total.

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Journaliste pluridisciplinaire, je suis passionné de l’information en lien avec l’Afrique. D’où mon attachement à Afrik.com, premier site panafricain d’information en ligne
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