
Le Fonds monétaire international (FMI) a salué les récentes réformes économiques engagées par le Sénégal, dans un contexte encore marqué par la révélation d’une dette publique sous-évaluée sous l’administration Sall.
L’annonce a été faite par Julie Kozack, directrice de la communication de l’institution monétaire, lors d’un point presse à Washington, confirmant également l’envoi imminent d’une mission à Dakar fin août.
Une dette bien plus lourde que prévu
L’onde de choc a été rude pour les observateurs et les partenaires financiers du Sénégal : le niveau réel de la dette publique aurait atteint près de 100 % du PIB, contre les 74 % précédemment communiqués. Cette « dette cachée », révélée il y a quelques mois, a provoqué un vif émoi tant au niveau national qu’international, remettant en cause la transparence budgétaire des années antérieures.
Face à cette situation, le nouveau gouvernement sénégalais a rapidement pris des mesures pour restaurer la confiance, notamment en commanditant un audit complet des finances publiques, en réorganisant la gouvernance budgétaire et en s’engageant à une plus grande rigueur dans la gestion des ressources.
Le FMI annonce une mission à Dakar
Ces efforts semblent porter leurs fruits. Julie Kozack a annoncé qu’une équipe du FMI se rendra à Dakar fin août 2025 pour évaluer les mesures prises et discuter des prochaines étapes. Il s’agira notamment :
- d’examiner les fausses déclarations précédentes sur la dette, en vue de soumettre un rapport au Conseil d’administration du FMI ;
- d’initier des discussions sur un nouveau programme d’appui financier au Sénégal ;
- de renforcer la coopération en matière de développement des capacités et de réformes structurelles.
« Nous travaillons en étroite collaboration avec les autorités pour concevoir des mesures correctives visant à s’attaquer aux causes profondes des déclarations erronées », a précisé Julie Kozack.
Réformes en cours et nouvelle gouvernance
Depuis son investiture en mars 2024, le Président Diomaye Faye, porté au pouvoir avec le soutien du populaire Ousmane Sonko, a fait de la transparence, de la bonne gouvernance et de la lutte contre la corruption les piliers de sa politique économique. La découverte de la sous-évaluation de la dette a été utilisée comme un point de rupture pour affirmer cette volonté de changement.
En parallèle, le gouvernement a lancé des réformes fiscales visant à élargir l’assiette, rationaliser les exonérations et lutter contre l’évasion. La numérisation de l’administration, la réforme de la commande publique et la restructuration des entreprises d’État déficitaires sont également en cours.
Un signal positif pour les bailleurs
La réaction positive du FMI constitue un signal fort aux investisseurs et partenaires du Sénégal, à un moment critique où le pays cherche à stabiliser son économie sans compromettre ses ambitions sociales. L’enjeu est de taille : restaurer la crédibilité financière du pays tout en poursuivant les investissements dans les infrastructures, l’éducation et la santé.
Avec cette mission prévue en août, le Sénégal espère pouvoir entamer un nouveau cycle de coopération avec le FMI, fondé sur la transparence et la réforme. Il pourrait en résulter un nouveau programme d’appui triennal, permettant au pays de bénéficier d’un soutien financier crucial, dans un contexte mondial toujours marqué par l’instabilité des marchés et les tensions géopolitiques.