Sénégal : encore un talibé battu à mort, un maître coranique déféré au parquet


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Collier talibé
Collier talibé

Dimanche dernier, un talibé pensionnaire d’un internat à Louga, est mort dans des circonstances suspectes. Mais l’autopsie faite à l’hôpital Aristide Le Dantec confirme les soupçons sur le maître coranique. En effet les résultats laissent apparaître que le talibé a rendu l’âme des suites d’un traumatisme crânien et le maître coranique a été déféré au parquet.

« Coups et blessures volontaires, ayant entraîné la mort d’un mineur de moins de 15 ans, sans intention de la donner ». Tel est le chef d’inculpation retenu contre le maître coranique de l’internat « Al Nimran » de Louga, qui a été déféré au parquet. Le talibé Abiboulaye Camara est mort le dimanche 16 février 2020, dans des conditions ténébreuses. Et sa famille avait soupçonné la responsabilité directe du maître coranique, Abdou Latif Cissé.

D’ailleurs avant sa mort, le talibé avait révélé avoir été sévèrement bastonné par son maître, la veille. Et c’est ainsi que la famille avait demandé une autopsie. Les résultats sont sans appel, car ils font état d’un « traumatisme crânien sans hémorragie », ce qui confirme, quelque part, la thèse selon laquelle le talibé aurait reçu un coup de balai sur la tête. En clair, les conclusions de l’homme de l’art ont formellement accablé le maître coranique, qui était déjà en garde à vue, avant d’être déféré le jeudi 20 février 2020, même s’il s’est vaillamment défendu en faisant croire qu’il avait utilisé un petit bâton pour corriger le talibé.

Ces derniers mois, il est noté une recrudescence de la violence exercée sur les pensionnaires des écoles coraniques. La mémoire collective retient toujours l’affaire des talibés qui avaient été enchaînés à koki, dans la région de Louga. L’affaire qui avait défrayé la chronique pendant plusieurs jours, avait atterri à la barre du Tribunal de Grande Instance (TGI) de Louga et le maître coranique Cheikhouna Guèye avait finalement écopé de deux ans de prison avec sursis.

Quelques jours après seulement, un autre maître coranique, cette fois-ci de Linguère, à 350 km au nord-est de Dakar, est accusé d’avoir battu, ligoté et torturé à mort un talibé, parce qu’il n’avait pas mémorisé ses sourates.

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