Sahara : comment le roi Hassan II a confié Lagouira à la Mauritanie


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Les rois Hassan II et Mohammed VI
Les rois Hassan II et Mohammed VI

Le Sahara Occidental est devenu un sujet très sensible depuis des années et qui est d’ailleurs à l’origine de conflits diplomatiques entre l’Algérie et le Maroc, depuis plusieurs décennies. Malgré le retrait de la Mauritanie de la province d’Oued Ed-Dahab en 1979, se désengageant de l’Accord de Madrid de 1975, la ville de Lagouira reste toujours sous administration mauritanienne. Selon l’ancien Président mauritanien Mohamed Khouna Ould Haidalla, le roi Hassan II avait confié la ville sous le contrôle de son pays.

Dans une récente interview au site Aqlame, l’ancien Président mauritanien, de 1980 à 1984, Mohamed Khouna Ould Haidalla, a raconté comment il avait persuadé le roi Hassan II de maintenir la ville de Lagouira sous le contrôle de son pays. Il révèle ainsi avoir rencontré à l’époque le chef du Front Polisario, Bachir Mustafa Sayed, à travers la médiation malienne, en marge du Sommet africain tenu dans la capitale du Liberia, Monrovia en 1979. « Cependant, le représentant du Polisario a commencé à frapper sur la table et crier. Je me suis alors retiré », se souvient-il.

Après cet incident, « le Président algérien (Chadli Bendjedid) est intervenu » et lui a demandé de rencontrer à nouveau Mustafa Sayed. Le militaire propose alors de signer, le 5 août 1979, un accord pour permettre à la Mauritanie de se désengager de l’Accord de Madrid. Mohamed Khouna Ould Haidalla, ajoute qu’après l’accord signé entre la Mauritanie et le Polisario en Algérie, il s’était « envolé dans le plus grand secret pour Rabat » rencontrer le roi Hassan II.

« Je lui ai expliqué notre position sur le conflit et notre intention d’arrêter définitivement la guerre et nous retirer de la région. Il était déjà au courant du contenu de l’Accord d’Alger », relate-t-il. « J’ai dit au roi : peu importe qui occupera la région après nous, il reste un point que nous ne céderons qu’à la fin du conflit, à savoir la zone de Lagouira, qui est pour nous une ligne rouge  », rappelle Mohamed Khouna Ould Haidalla.

Devant le roi du Maroc, Mohamed Khouna Ould Haidalla a expliqué que la Mauritanie ne permettra pas que cette zone devienne un théâtre de guerre, ajoutant qu’une « explosion à Lagouira sera considérée comme ayant eu lieu à Nouadhibou, qui est la capitale économique ». Selon l’ancien Président mauritanien, Hassan II aurait accepté en posant deux conditions : « La première est que je l’informe deux jours avant notre retrait de la région », tandis que la deuxième était de remplacer un responsable mauritanien jugé proche du Polisario. Ould Haidalla accepte alors la première condition mais décline la deuxième et le marché est conclu entre les deux responsables.

Après la décision de la Mauritanie de se retirer de la province d’Oued Ed-Dahab, le roi Hassan II ordonne aux Forces armées royales de marcher vers le territoire, coupant ainsi l’herbe sous les pieds du Polisario et son alliée l’Algérie. Le 14 août 1979, plusieurs chefs de tribus et cheikhs d’Oued Ed-Dahab se rendent alors dans la capitale, Rabat, afin de prononcer le serment d’allégeance au Roi Hassan II.

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