
Les autorités sanitaires néerlandaises ont signalé la présence de fragments de verre dans un lot de myrtilles fraîches en provenance du Maroc. Cette alerte a été jugée « grave » par le Système d’alerte rapide européen pour les denrées alimentaires et les aliments pour animaux (RASFF). Ce système veille à la sécurité sanitaire des produits circulant dans l’Union européenne. Ce nouveau signalement soulève des inquiétudes autour de la sécurité des produits agricoles marocains destinés à l’exportation.
Le Maroc est devenu, au cours de la dernière décennie, un grand acteur dans la production de myrtilles, avec une croissance fulgurante de sa production. En 2025, celle-ci est estimée à 80 000 tonnes, essentiellement destinées aux marchés asiatique, américain et du Moyen-Orient. Seulement cette tendance est menacée par le signalement aux Pays-Bas de la présence de fragments de verre dans un lot de myrtilles fraîches en provenance du Maroc. Cette contamination constitue un coup dur pour la réputation du secteur agroalimentaire marocain.
Multiplication des alertes : pesticides, virus et ravageurs
Ce n’est pas la première fois que des produits agricoles marocains font l’objet d’alertes sanitaires en Europe. En juin 2024, l’enseigne française Leclerc a rappelé des melons charentais marocains pour cause de dépassement des seuils autorisés en pesticides. Commercialisés dans plusieurs départements du sud de la France, ces fruits ont été retirés du marché et déconseillés à la consommation. Quelques mois auparavant, en mars 2024, une alerte avait été émise par le RASFF après la détection du virus de l’hépatite A dans des fraises marocaines importées en Espagne.
Cet incident a renforcé la méfiance des consommateurs et des autorités européennes vis-à-vis des produits agricoles marocains. Début juin 2023, un nouveau lot de poivrons marocains exportés vers l’Union européenne a été rejeté à la frontière espagnole en raison de taux élevés de deux pesticides interdits : le chlorpyrifos et le fenazaquine. Le chlorpyrifos, interdit depuis 2020 dans l’UE, est particulièrement dangereux pour le système nerveux. Le fenazaquine, un acaricide interdit en Espagne, est également jugé toxique.
Poivrons, olives et pastèques également concernés
Bien que les autorités aient assuré que ces produits n’ont pas été commercialisés, cette affaire met en exergue des défaillances dans les contrôles à l’origine. Le chlorpyrifos a également été détecté en août 2023 dans un lot d’olives marocaines exportées vers l’Espagne. Avec un taux largement supérieur à la limite autorisée, ce lot n’a été distribué qu’au niveau national, selon les autorités espagnoles. Le même mois, une cargaison de pastèques marocaines contenait des niveaux très élevés de méthomyl, un pesticide interdit dans l’UE, pouvant affecter gravement le système nerveux humain.
En décembre 2023, une autre menace a été détectée : un lot de grenades marocaines contenait des larves de Faux carpocapse, un papillon ravageur inconnu jusque-là dans certaines régions européennes. Ce parasite est redouté pour les dégâts qu’il peut infliger aux cultures d’agrumes, de fruits à noyau et même à la vigne, avec une baisse de rendement pouvant atteindre 25%. L’association des agriculteurs valencienne (AVA-ASAJA) a exprimé son inquiétude et demandé des mesures immédiates pour protéger l’agriculture européenne.