«Sadaka», la nouvelle pépite d’Amar Sundy


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«Sadaka», la nouvelle pépite d’Amar Sundy

Sadaka (Dixiefrog/Distrib.Harmonia Mundi, 2009), ce magique album d’Amar Sundy, est une pépite d’or du sable blond du Sahara sous le soleil. Considéré comme pas moins que “le meilleur guitariste européen” par certains critiques, Amar Sundy, musicien franco-algérien, unit, comme s’ils s’étaient toujours rencontrés, le blues des Noirs américains, la guitare électrique dont il joue avec la douceur d’un Santana, et les chants touaregs de son Sahara natal. Car Amar Sundy est né homme bleu.

On peut enchaîner un homme, l’arracher à sa terre, à sa lumière, le réduire en esclavage, l’humilier, tenter de le priver de dignité, tant qu’il vit, tant que son coeur bat, tant que le jour se lève, nul ne peut lui ôter son âme. Et cette âme c’est la secrète salle des miroirs où se reflètent l’expérience des ancêtres, l’histoire de sa communauté, ses racines, son origine, son irréductible humanité. Alors quand un Africain esclave en Amérique fait de la musique, il crée une musique venue d’Afrique enrichie de toute la terrible souffrance de son déracinement et il invente le Blues.

Voilà comment l’artiste explique sa démarche musicale, et son attachement au blues, qui fut sa première passion. Car c’est ensuite, “au coeur du Blues”, qu’il “redécouvrira l’Afrique”, et se penchera sur la musique de ses propres ancêtres… Et quand Amar parle de musique, il en parle tellement bien qu’on vous fait encore partager: «Je cherche à être authentique. La seule façon de l’être, c’est de laisser tout venir en moi jusqu’au moment où le corps devient souffrant et ne résiste plus à délivrer le message dont il est porteur. Laisser tout ressortir, exprimer au plus juste, au plus vrai. N’être que l’instrument de la force de vie. La musique traverse la vie… la vie est dans ma musique… et le rythme traverse ma vie…»

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Sadaka veut dire amitié en arabe, et la même racine donne aussi les mots sincérité, vérité, droiture, franchise… Les titres des chansons disent l’enracinement de l’artiste – “Lilati” (Mes nuits), “Sahraoui”, ou “Hany jaï” (J’arrive), et elles sont chantées en arabe, mais aussi en anglais ou en français. Nous avons bien aimé ces choeurs féminins qui reprennent des phrases arabes avec un accent américain: car on entend trop souvent l’inverse, des artistes qui chantent en anglais avec un accent étranger. Belle revanche donc sur une certaine domination culturelle américaine en matière de musique qui a duré quelques décennies, mais revanche en douceur – “en amitié”… Et c’est bien une certaine douceur qui empreint tout l’album, cette douceur et cette sérénité toutes sahariennes, où l’énergie n’est pas absente, mais n’est jamais gaspillée car elle doit aller à l’essentiel. Vous n’avez plus qu’à aller faire un tour sur les sites de l’artiste pour l’entendre et le voir jouer…

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