Rétro 2019 : Présidentielles houleuses, décès poignants, divorce, fin du FCFA…


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L’année 2019 s’achève. Elle a été marquée par de multiples événements politiques poignants sur le continent africain ainsi qu’une avancée économique majeure. 2019 aura été aussi l’année de nouvelles attaques terroristes, d’élections présidentielles houleuses, mais aussi d’un long « feuilleton » concernant le roi du Maroc Mohammed VI, sans compter le come-back d’Ali Bongo après une longue absence suite à un AVC. 2019 a aussi été une année lourde avec son lot de disparus.

Que ce fut douloureux cette année 2019 pour le continent africain. De grands dignitaires politiques ont perdu la vie, des Présidentielles ont été houleuses, la Côte d’Ivoire a perdu un grand artiste et les djihadistes continuent de faire couler le sang. Cette année a aussi été marquée par l’impulsion d’un changement économique majeur pour des pays ouest-africains ainsi que le retour d’un ancien Président dans son pays.

Flash back.

Décès de grands dignitaires africains et santé vacillante

Le Zimbabwe a perdu l’un de ses plus emblématiques Présidents, en la personne de Robert Mugabe. Dernière figure de la décolonisation africaine, il s’est éteint le 6 septembre 2019, à l’âge de 95 ans, à Singapour, loin du peuple zimbabwéen. Durant plus de 30 ans, il a dirigé son pays d’une main de maître avant de démissionner en novembre 2017 à la suite d’une vague de contestations nationale et internationale. Emmerson Mnanagagwa est, depuis 2017, le Président du Zimbabwe.

La mort aura aussi frappé en Tunisie. En juillet 2019, le Président Béji Caïd Essebsi, surnommé l’équilibriste, s’est éteint quelques mois avant une Présidentielle remportée par Kaïs Saïed. Un an après le printemps arabe qui a frappé la Tunisie en 2011, Béji Caïd Essebsi devenait l’homme fort de ce pays du Maghreb. Fin 2014, il est élu Président et son parti remporte les élections législatives. Durant son mandat, il a dû faire face à l’attentat de Tunis en mars 2015 puis celui de Sousse en juin. Des attentats meurtriers (60 morts) qui ont plongé le pays dans une situation économique difficile.

Bouteflika et Gaïd Salah emportés !

L’année 2019 a été l’année du soulèvement populaire en Algérie. Après plus de 20 ans passés au pouvoir, Abdelaziz Bouteflika est contraint de démissionner. Depuis son AVC, son poste est remis en question. L’opposition n’avait de cesse de clamer qu’il n’est plus apte à diriger le pays. Mais le peuple s’est levé comme un seul homme pour le pousser vers la sortie. C’est ainsi que le 2 avril 2019, l’armée algérienne a appelé à une démission immédiate de Bouteflika. Ce dernier a, dans la foulée ; remis sa démission au Conseil Constitutionnel. Huit mois après cette démission tant attendue par le peuple, l’Algérie devait élire son nouveau Président. Après un scrutin contesté, c’est Abdelmadjid Tebboune (ancien ministre de Bouteflika) qui a été élu. Quelques jours après, le chef d’état-major de l’armée, Ahmed Gaïd Salah, s’est éteint à la suite d’une crise cardiaque. Trois jours de deuil national ont été décrétés dans le pays.

Au Gabon, le pouvoir a été fragilisé par la santé de son Président. Après son accident vasculaire cérébral survenu en octobre 2018, à Riyad en Arabie Saoudite, Ali Bongo a suivi une convalescence chez son « ami et frère le roi du Maroc Mohammed VI ». Une convalescence qui a été à l’origine d’une vive polémique Certains l’ont déclaré mort, d’autre inapte à diriger le pays. De retour au Gabon après de longs mois passés au Maroc, Ali Bongo est conduit à Londres pour y subir des examens. C’est alors que la polémique enfle au sujet de son état de santé, avec Jean Ping, son éternel rival, qui clame son incapacité à diriger le Gabon. Depuis son retour au Gabon, Ali Bongo a enclenché une série de mesures politiques fortes comme la nomination d’un nouveau Premier ministre ainsi que le toilettage autour de son Cabinet. D’ex-proches ont été démis de leurs fonctions et arrêtés, tandis que son fils, Nourredine, est nommé à la Présidence.

Présidentielles et crises politiques

Le Nigeria, en dépit de sa lutte acharnée contre le groupe terroriste Boko Haram, a organisé, en 2019, des élections présidentielles. Le Président sortant Muhammadu Buhari a été réélu avec 56% des voix face à Atiku Abubakar de l’opposition. Même si la victoire est contestée par l’opposition, Muhammadu Buhari a pris l’option d’avancer et de s’atteler à lutter contre la corruption, son cheval de bataille et tenter de résoudre les problèmes économiques et sécuritaires du pays.

Au sein du pays de la Teranga, l’année 2019 a été celle d’une élection présidentielle qui aurait pu tourner au vinaigre. En février 2019, le peuple sénégalais vote pour élire un nouveau Président. Macky Sall, Président sortant, se présente comme le favori mais il a des concurrents de taille face à lui comme Ousmane Sonko du parti Pastef, très populaire auprès des jeunes et Idrissa Seck qui espère, malgré plusieurs revers, occuper ce poste tant convoité. La tâche dans cette élection, Khalifa Sall du Parti Socialiste en prison à Rebeuss pour détournement de deniers, voit sa candidature invalidée par le Conseil Constitutionnel. Idem pour Karim Wade. En dépit de vives contestations, Macky Sall est réélu avec 58,27% des suffrages contre 20,50% pour Idrissa Seck et 15,67% pour Ousmane Sonko. La tension n’est toujours pas retombée dans ce pays d’Afrique de l’Ouest où la population grogne en cette fin d’année face à la hausse des prix de l’électricité.

2019 c’est également l’année de violences post-électorales au Bénin à la suite de Législatives opposant deux partis favorables au Président Patrice Talon. . Ce dernier a du faire face à de violentes manifestations dont certaines ont donné lieu à des actes de vandalisme. Une situation insoutenable pour ce pays de l’Afrique de l’Ouest. Ces violences ont tout de même débouché à la révision de la Constitution afin de «  consolider l’Etat de droit et la démocratie », selon Patrice Talon.

Noël sanglant au Burkina Faso

Jour de Noël, le groupe Etat islamique commet un attentat sanglant au Burkina Faso. Il est l’auteur d’une attaque perpétrée contre un détachement militaire qui a fait 42 morts : 7 militaires et 35 civils. Dans ce carnage, 31 femmes ont perdu la vie. Un deuil national de 48 heures est décrété. Le pays des hommes intègres fait l’objet, depuis plusieurs années, d’attaques meurtrières. Des centaines de Burkinabè ont perdu la vie depuis 2015 face à des groupes armés terroristes qui frappent sans relâche.

Divorce du roi du Maroc Mohammed VI

Au Maroc, cela fait plus de deux ans que la population se demande si le roi Mohammed VI et Lalla Salma sont encore mariés. La presse espagnole a même évoqué un divorce. En 2019, le couple royal n’a fait aucune apparition publique. C’est alors que les plus folles rumeurs fusent : Lalla Salma aurait été tuée par la sœur du roi, Lalla Hasnaa, ou enfermée dans un des palais du roi. Quelques jours avant 2020, sa sœur Lalla Meryem confirme cette rupture lors d’une veillée religieuse en commémoration du décès du roi Hassan II survenue 21 ans auparavant. Lalla Meryem a royalement ignoré la princesse Lalla Salma dans ses vœux : erreur de communication ou acte volontaire. Depuis plus de 2 ans, aucune annonce officielle n’a été faite sur la situation de ce couple qui défraie la chronique.

Mort de soldats français au Mali et retour de ATT

L’opération Barkhane menée au Mali par des militaires afin de lutter contre le terrorisme touche-t-elle à sa fin ? C’est la question que le peuple français mais aussi malien se pose en cette fin d’année meurtrière pour les troupes françaises. En novembre dernier, treize militaires français ont péri lors d’une collision de deux hélicoptères. Le groupe Etat islamique a revendiqué l’attaque. Se pose maintenant la question du retrait progressif des troupes françaises au Mali alors que l’ex-Président Amadou Toumani Touré dit ATT, renversé après un coup d’Etat en 2012, vient de signer son grand retour après avoir passé 7 ans au Sénégal. Il promet de s’investir pour la paix dans sa région natale, Mopti, où les attaques djihadistes font rage.

Eco, nouvelle monnaie ouest-africaine. Fin du FCFA ?

L’année 2019  est aussi marquée par un projet économique de grande envergure pour les pays de l’Union Economique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA). C’est lors d’une visite en Côte d’Ivoire que le Président français, Emmanuel Macron, et son homologue ivoirien, Alassane Dramane Ouattara,  ont fait une annonce retentissante. L’UEMOA et la France ont annoncé la fin du franc CFA pour créer une monnaie unique, l’Eco. Alassane Dramane Ouattara a tenu à préciser que «  le franc CFA  a été un outil essentiel ». La page du FCFA pour le Bénin, le Burkina Faso, la Guinée-Bissau, le Mali, le Niger, le Sénégal, le Togo et la Côte d’Ivoire semble se tourner. L’Eco va voir le jour en 2020, une monnaie qui conservera une partie fixe avec l’euro. Néanmoins, des questions demeurent : qu’en sera-t-il des autres pays ouest-africains et du reste du continent. Affaire à suivre…

L’été 2019 a été celui de la perte d’un très grand artiste. Figure incontestable du coupé décalé en Côte d’Ivoire mais aussi en Afrique, DJ Arafat s’est éteint le 12 août 2019 à la suite d’un grave accident de moto laissant derrière lui sa famille dévastée et ses fans que l’on surnomme «  les Chinois » en état de choc.

Que réserve 2020 au continent africain ?

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