Restriction d’Internet, le ras-le-bol des Sénégalais


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Internet (illustration)
Internet (illustration)

Depuis lundi, Internet connait des perturbations au Sénégal. Une restriction de l’Internet mobile, après l’arrestation de l’opposant Ousmane Sonko. Mesure qui paralyse la plupart des citoyens de ce pays d’Afrique de l’Ouest.

Internet mobile est suspendu au Sénégal, depuis plus de cinq jours, en raison de l’arrestation de l’opposant Ousmane Sonko. Ce dernier, leader du parti Pastef, est poursuivi pour des faits de vol avec violence, atteinte à la sûreté de l’État, entre autres. Ce qui lui a valu une arrestation, vendredi dernier. Lundi 31 juillet 2023, à l’issue de son face-à-face avec le juge d’instruction, Ousmane Sonko a été placé sous mandat de dépôt.

Internet coupé pour démobiliser

Le leader du parti Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef) a été envoyé en prison par le procureur Abdoul Karim Diop. Appel à l’insurrection, association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste, complot contre l’autorité de l’État, actes visant à compromettre la sécurité publique et à créer des troubles politiques graves, sont les autres griefs retenus à l’encontre de l’opposant.

Selon son avocat Me Clédor Ciré Ly. Ousmane Sonko avait été arrêté, après des faits de « vol avec violence » sur une gendarme. Il n’en fallait pas plus pour déclencher la colère de ses partisans. Et l’État sénégalais, pour prendre les devants, n’a pas trouvé mieux que de suspendre Internet mobile. Ce, pour démobiliser les manifestants. Une mesure qui rappelle celle prise en juin, en marge de manifestations pro-Sonko et qui passe très mal au Sénégal.

L’État fait fausse route

« Le ministère de la Communication, des Télécommunications et de l’Économie numérique informe, qu’en raison de la diffusion de messages haineux et subversifs dans un contexte de trouble à l’ordre public dans certaines localités du territoire national, l’Internet des données mobiles est suspendu temporairement sur certaines plages horaires. Les opérateurs de téléphonie sont tenus de se conformer aux réquisitions notifiées », avait annoncé, en juin, l’Etat. Et la même mesure a été reconduite. Et plus corsée, cette fois

« Je ne sais pas ce que cherche l’Etat en coupant les données mobiles, mais ce n’est pas la bonne décision. On voit bien que la mesure est prise, mais cela n’empêche pas les manifestations. Beaucoup d’édifices ont été saccagés, la peur a été installée et ils sont nombreux les citoyens  à rester cloitrés chez eux. La vie tourne au ralenti à Dakar où les gens craignent pour leur vie. Si l’Etat croit que cette mesure est la solution, je crois qu’il fait fausse route », s’insurge Moussa Fall, restaurateur.

Tout un pays affecté par la mesure

« Personnellement, je travaille beaucoup avec Internet mobile et je suis handicapé par cette mesure prise par le gouvernement de suspendre Internet mobile. J’habite dans un coin où il est très difficile d’accéder à la fibre optique. Par exemple, j’ai un voisin qui, depuis plus de  mois, a souscrit à un abonnement, mais ne dispose toujours pas de la connexion fixe. Comment peut-on, dans ces conditions, priver les Sénégalais de la connexion mobile ? C’est absurde et même aberrant », déplore Fatou Sall, habitante des Parcelles Assainies

Tout le pays est affecté par cette mesure de suspension qui, si elle aide l’Etat à démobiliser les manifestants, effondre toute une économie. Sans compter qu’elle empêche à nombre de citoyens de travailler. Nombreux en effet sont les Sénégalais qui sont au régime de télétravail, et qui n’ont plus d’accès Internet. « Cela me pose d’énormes soucis. Je suis obligé de parcourir des kilomètres pour aller trouver une connexion fixe et tenter de travailler un tant soit peu. Et dans quelles conditions », se désole ce travailleur, qui espère que les choses reviendront à la normale le week-end.

Lire : Sénégal : un pas de plus vers la restriction des libertés

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Journaliste pluridisciplinaire, je suis passionné de l’information en lien avec l’Afrique. D’où mon attachement à Afrik.com, premier site panafricain d’information en ligne
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