Restitution des crânes algériens par la France : Un enjeu de mémoire et de dignité


Lecture 3 min.
Cranes de combattants algériens Musée de l'Homme
Cranes de combattants algériens Musée de l'Homme

Dans un geste symbolisant la lutte pour la réconciliation et la dignité humaine, le député LFI Carlos Martens Bilongo mène un combat législatif en France pour la restitution des crânes de résistants algériens, conservés depuis le 19ème siècle. Ces restes avaient été emmenés autrefois pour des études dans un contexte de domination coloniale. Ils représentent aujourd’hui un enjeu majeur de mémoire et de justice entre la France et l’Algérie. Ce débat qui traverse le temps a des origines et un processus de restitution complexes. Mais aussi des implications morales et politiques.

Les crânes algériens au centre de la polémique sont conservés au Muséum national d’Histoire naturelle de Paris. Ils ne sont pas de simples reliques du passé mais représentent une période sombre de la colonisation française. Ces crânes sont ceux de résistants algériens tombés au combat durant les révoltes contre la colonisation française au 19ème siècle. Rapportés en France pour des études prétendument scientifiques, ils témoignent d’une époque où la domination se mesurait aussi par l’humiliation des vaincus, même dans la mort.

La difficile voie vers la restitution

Pourtant, la restitution de ces crânes à l’Algérie reste aujourd’hui encore une question délicate et complexe. Si elle symbolise les tensions postcoloniales entre les deux nations, son bien fondé n’est cependant pas contesté. Reconnue comme nécessaire par le ministère français des Affaires étrangères en 2018, la restitution se heurte cependant à d’importants obstacles juridiques et bureaucratiques.

YouTube video

En effet, ces restes humains font désormais partie des collections publiques et sont considérés comme inaliénables. Ce qui nécessite donc un déclassement préalable avant toute restitution. De plus, l’identification formelle de chaque crâne est une exigence supplémentaire, compliquant encore le processus.

Initiative parlementaire pour la restitution

Carlos Martens Bilongo, député de La France Insoumise, s’illustre par son engagement actif pour la restitution de ces crânes. Proposant une loi pour simplifier le processus, il critique vivement la création répétée de commissions comme une tactique dilatoire. Pour lui, la restitution ne devrait pas être entravée par des obstacles bureaucratiques, mais devrait être vue comme un geste de respect et de dignité humaine.

Son projet de loi vise à permettre une restitution rapide, sans attendre la création et l’approbation d’une commission dédiée.

Lire aussi : Le député français d’origine congolaise Carlos Martens Bilongo victime de propos racistes du RN

Lors de son récent déplacement à Alger, Bilongo a renouvelé son engagement envers cette cause. En plus de discuter de sa proposition de loi, il a également évoqué une résolution parlementaire demandant la création d’une journée commémorative pour le massacre du 17 octobre 1961, liant ainsi la restitution des crânes à une plus large reconnaissance des violences coloniales.

Implications de la restitution

La restitution des crânes ne serait pas seulement un retour matériel de restes humains. Elle engagerait aussi un acte profond de reconnaissance et de réconciliation. Pour l’Algérie, cela signifierait honorer la mémoire de ceux qui ont lutté contre la colonisation, et pour la France, cela pourrait être perçu comme un pas en avant dans le réexamen critique de son passé colonial.

Le débat autour de la restitution des crânes algériens transcende les simples questions de procédure juridique pour toucher à des enjeux plus vastes de mémoire, de justice et de réconciliation. Afin de construire un avenir où les leçons du passé ne sont pas oubliées, le sujet mérite d’être porté par le Président Emmanuel Macron et évoqué lors de ses prochains échanges avec le président de la République algérienne, Abdelmadjid Tebboune.

Newsletter Suivez Afrik.com sur Google News