Référendum européen : l’Outremer s’est mobilisé


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Les seuls résultats qu’il soit possible de commenter pour l’instant, c’est-à-dire le taux d’abstention, traduisent une très forte mobilisation de l’Outremer à l’occasion du scrutin référendaire sur le Projet de Constitution européenne.

Le scrutin référendaire allait-il mobiliser en Outremer? Pour la première fois, les citoyens français non métropolitains se sont vus invités à voter la veille de l’ouverture des bureaux de vote dans l’Hexagone : ainsi ils n’ont plus l’impression de porter leur bulletin à un moment où déjà les résultats du scrutin sont connus…

Un vote mobilisateur

L’effet de cette anticipation de votes ultramarins est désormais manifeste : les électeurs sont nettement plus nombreux à s’être rendus aux urnes que lors des précédentes élections européennes. Indice de mobilisation, certes, mais aussi conséquence d’une mesure technique qui montre que l’on fait désormais plus de cas du vote des citoyens de l’Outremer.

Samedi 28 mai, ce sont donc près de 921 000 Français d’Outremer ou résidant sur le continent américain qui étaient appelés aux urnes. Saint-Pierre et Miquelon a vu son taux de participation exploser, passant de 18,25% aux élections européennes de 2004 à 39,11% hier… Mais il est vrai que la population du territoire n’est pas très élevée, avec 6300 habitants au total.

Un taux de participation supérieur de 10%

Les autres départements et territoires français d’Outremer où le vote a été anticipé pour cause de décalage horaire confirment pourtant cette mobilisation : la Martinique, avec 28,37% de votants, contre 17,95% en 2004 ; la Guyane, avec 23,15% de votants, contre 14,31% en 2004 ; la Guadeloupe avec 22,21% de votants, contre 15,49% l’an dernier…

Prise de conscience de l’enjeu européen

Impossible pour l’instant de savoir si l’enjeu européen aura été la cause de cette mobilisation : les Français d’Outremer ont-ils redouté la mise en danger d’une construction européenne qui a permis à l’Europe de connaître 60 années de Paix depuis la fin de la seconde guerre mondiale, et la fragilisation d’un élan économique et social sans précédent, qui permet progressivement aux pays d’Europe de l’Ouest d’agréger à leur dynamique de croissance tous les Pays d’Europe de l’Est et du Sud?

A l’exception notable de La Réunion, dont les résultats ne sont pas encore connus, la mobilisation de l’Outremer a sans doute d’abord joué en faveur du « oui », car le vote ultramarin est connu pour son « réalisme » : et rien n’indique que les premiers citoyens français à avoir déposé leur bulletin dans l’urne aient souhaité faire de leur acte un vote protestataire à courte vue, alors qu’ils sont fortement conscients de l’importance qu’a pour eux la construction européenne : programmes de recherche, efforts en faveur du développement, nécessité de faire partie d’un ensemble plus large pour peser dans le monde…

Plus la métropole est loin, plus elle paraît petite

Plus la métropole est loin, et plus les Français sont conscients de la taille et du poids réel de l’Hexagone aujourd’hui, dans un monde dominé par quelques grandes puissances au contact direct desquelles les habitants de l’Outremer ont l’habitude de se retrouver… Dès lors, nul en France ne perçoit mieux que les ultramarins l’importance d’appuyer leur pays à un ensemble continental plus large, capable de lui assurer un avenir parmi les puissances, économiques, diplomatiques, culturelles du monde de demain.

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