Référendum au Niger : la victoire musclée de Tandja


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Un taux de participation oscillant entre « 40 % et 90% », une nouvelle Constitution plébiscitée par les Nigériens… Les annonces et les chiffres officiels s’enchaînent, mercredi, au lendemain du référendum convoqué par le président Mamadou Tandja qui souhaite briguer un troisième mandat. Une consultation marquée par des heurts et des arrestations d’opposants hostiles à la tenue de ce scrutin considéré comme « illégal ».

Avant même les résultats officiels, les affiches saluant la victoire du président nigérien s’étalent sur les murs de Niamey. « Pour votre confiance renouvelée, à vous tous merci, son excellence Mamadou Tandja », peut-on lire sur ces annonces. Un message qui en dit long sur la tenue du référendum qui s’est déroulé, mardi, au Niger. Une consultation sur une nouvelle Constitution convoquée par Mamadou Tandja afin de lui permettre de briguer un troisième mandat. Selon les observateurs nigériens, le jour du scrutin, il n’y a pas eu de fièvre électorale. La capitale nigérienne ressemblait à « une ville morte ».« Les commerces étaient fermés, les rues désertes et les bureaux de vote également », observe un habitant de Niamey. Une description qui tranche avec les chiffres officiels annoncés mercredi et retransmis par les médias d’Etat.

Un taux de participation entre « 40 et 90% »

D’après Moumouni Hamidou, le président de la commission électorale nationale indépendante (Céni), le taux de participation se situerait entre « 40% et 90%. Des résultats partiels portant sur 200 des 19 000 bureaux de vote donneraient le « oui » largement gagnant. Selon la Céni, la mobilisation aurait été plus forte en zone rurale. Ainsi, dans la commune de Dilma (nord), le taux de participation est de 70,49%, avec une victoire du « oui » à 96,5%. En revanche, dans la commune 1 de Zinder (deuxième ville du pays), le taux d’abstention s’élève à 55,87% et le « oui » atteint 90%. Un scénario qui risque de se confirmer pour Niamey. A 17 heures, selon certains superviseurs non officiels, dans un des bureaux de vote de la capitale, sur quelques 500 votants seulement 27 électeurs se seraient rendus aux urnes.

Affrontements et interpellations

Ce référendum a été émaillé d’incidents et d’arrestations. Plusieurs sources policières et d’opposition ont fait état d’affrontements dans plusieurs villes de l’ouest entre les opposants au scrutin et les forces de l’ordre. Selon un policier interrogé par l’AFP, la police a fait usage de gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants qui empêchaient l’accès à deux bureaux dans la région de Tahoua (ouest). « Certains Nigériens ont saccagé des urnes qui avaient été bourrées », précise Ali Idrissa, directeur général adjoint de la chaine privée Dounia TV, dont le dirigeant, Seymi Amadou, vient d’être interpellé, ce mercredi, suite à la diffusion d’un reportage sur la « République des dossiers », mettant l’accent sur les affaires de corruption en cours au Niger.

Seul contre tous

Malgré les appels répétés de l’opposition au boycott de ce référendum. Mamadou Tandja semble impassible. Il persiste et signe. Le président souhaite briguer un troisième mandat malgré les critiques et les condamnations de la communauté internationale. Le président nigérien a prévenu : « Allons-nous mourir s’ils ne nous donnent pas leur argent ? Les pays occidentaux organisent régulièrement des référendums, est-ce parce qu’ils nous donnent à manger qu’ils veulent nous priver du droit d’en organiser chez nous ? ». Le message est clair.

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