RDC : soulagement ! Vers une transition apaisée


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L’accord survenu jeudi 22 décembre 2016 au soir sous l’égide des Evêques de République démocratique du Congo ouvre la voie « vers une transition apaisée » se félicitent la plupart des observateurs de la vie politique congolaise. L’ultimatum des Evêques, qui imposait qu’un accord soit trouvé avant le 24 décembre, aura donc bien porté ses fruits.

Les Congolais espéraient beaucoup de la conciliation engagée par les Evêques entre la Majorité présidentielle de Joseph Kabila et le Rassemblement de l’opposition conduit par le vieux sage Etienne Tshisekedi. Dès mardi, à leur retour de Rome, où ils avaient pris le conseil du Pape François, le dialogue avait donc repris au sein de la CENCO et la colère qui avait suivi la promulgation de la liste du nouveau gouvernement Badibanga aura finalement ramené les deux camps à la raison.

Pour autant que ses grandes lignes soient connues, l’accord montre que des concessions pouvaient être faites de part et d’autre…

Respect de la Constitution

D’abord, de la part du camp présidentiel, où le respect de la Constitution avait été réaffirmé à la fois par la voix de Joseph Kabila lui-même, et par celle de Michael Sakombi lundi. Les mots sont clairs, plus qu’ils n’avaient jamais été jusque là : « Conformément à son adresse à la Nation à travers le Congrès, le président de la République qui a accompli deux mandats ne briguera pas un troisième » mandat. C’est en exposant clairement qu’il ne serait pas candidat à la prochaine élection présidentielle que Joseph Kabila obtient de se maintenir pour un an à la tête de la République démocratique du Congo.

Une transition limitée à un an

Deuxième concession apaisante du côté présidentiel, la durée de la transition, qui ne saurait dépasser 12 mois. D’ici la fin de l’année 2017, des élections seront donc organisées, et la passation de pouvoir entre le président sortant et le vainqueur de la prochaine élection se tiendra dans un délai acceptable par l’opposition.

Troisième concession, la création d’un « Conseil national de transition » chargé de veiller à la bonne exécution de l’accord, particulièrement sur les questions électorales : une manière de contrôler effectivement que les délais et procédures seront tenus.

Ainsi la concession majeure de l’opposition, qui accepte désormais que Joseph Kabila reste en fonction tout au long de cette année de transition, est-elle payée au prix fort par la majorité présidentielle.

Un gouvernement à recomposer « à parts égales »

Qu’adviendra-t-il du tout jeune gouvernement de Samy Badibanga, lui-même transfuge du parti d’Etienne Tshisekedi? Difficile de le savoir, puisque le gouvernement de transition devrait, aus termes de l’accord, être dirigé par le Rassemblement de l’opposition, et composée « à part égale » de membres des deux camps?

Fin des poursuites contre Moïse Katumbi et libération de prisonniers politiques

Par ailleurs, le Rassemblement de l’opposition obtient également la libération de 7 prisonniers politiques et d’opinion emblématiques, dont Diomi Ndongala, et Jean-Claude Muyambo. Il obtient également l’arrêt des poursuites judiciaires exorbitantes et très probablement injustifiées contre Moïse Katumbi, ex gouverneur du Katanga, qui pourra ainsi rentrer en RDC pour participer à la campagne électorale, comme il en a exprimé l’intention de manière constante au fil des derniers mois.

Ainsi la voie est bien ouverte pour un scrutin ouvert et démocratique, planifié dans un délai raisonnable. Personne ne perd la face, et la raison prévaut. L’annonce de cet accord béni par les Evêques est un beau cadeau de Noël par anticipation : le soulagement de la population congolaise succède à l’inquiétude qui enflait depuis la fin officielle du second mandat de Joseph Kabila, le 19 décembre au soir. La République démocratique du Congo a désormais toutes les chances de connaître une transition apaisée !

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