RDC : l’opposition divisée sur la participation aux prochaines élections


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Des opposants en RDC
Des opposants rd-congolais

L’unité d’action qu’affichaient, depuis quelques semaines, quatre leaders de l’opposition congolaise, Martin Fayulu, Moïse Katumbi, Augustin Matata Ponyo et Delly Sesanga, ne serait-elle que de façade ? Tout porte à le croire puisque des fractures apparaissent déjà au sein du groupe qu’ils constituaient.

Une fois de plus, l’opposition congolaise montre sa fragilité et son incapacité à évoluer en rang serré, après la défection de Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe, peu avant la Présidentielle de 2018, où elle devait présenter une candidature unique. On a également vu ce qu’est devenue la coalition Lamuka. Si le groupe des quatre leaders, à savoir Martin Fayulu, Moïse Katumbi, Augustin Matata Ponyo et Delly Sesanga, qui se sont rapprochés, il y a quelques mois, critique unanimement le processus électoral conduit par la CENI de Denis Kadima, leur réaction face à leurs constats est loin d’être unanime.

Martin Fayulu fait cavalier seul

Ce lundi, le président de l’Engagement pour la Citoyenneté et le Développement (ECiDé) a donné la position de son parti sur le processus électoral : « Nous annonçons à l’opinion nationale et internationale que nous avons décidé de ne pas déposer les candidatures de nos membres à tous les niveaux des élections, tant que le fichier électoral, la liste des électeurs ne sera pas refaite dans la transparence et auditée par un cabinet extérieur compétent ». Ainsi, Martin Fayulu a posé des conditions pour sa participation aux élections prévues en décembre 2023. « Il faut savoir dire non quand il le faut », martèle l’opposant.

Le gouvernement congolais, par la bouche de son porte-parole, n’a pas tardé à apporter une réponse claire à Martin Fayulu. « S’il faut refaire le fichier, nous allons refaire l’enrôlement des électeurs. Comment ferons-nous ? On aura dépassé les délais. Le processus électoral va entrer dans un tournant déterminant à partir du 25 juin. Les différents candidats devraient plutôt se préparer à ce rendez-vous et surtout apporter du contenu. Les Congolais ont soif d’entendre les projets des uns et des autres », a laissé entendre Patrick Muyaya. Dans cette position, Martin Fayulu n’a pas le soutien de ses collègues opposants.

Moïse Katumbi et Augustin Matata Ponyo maintiennent leurs candidatures

Pour Moïse Katumbi et Augustin Matata Ponyo, en dépit des griefs qu’ils ont contre le processus électoral, il n’est pas question de se retirer. « Aux tricheurs et aux fraudeurs, nous ne céderons rien. Nous ne sommes pas naïfs. Nous les affronterons tête haute. Ensemble pour la République et alliés présenteront des listes à tous les niveaux. Jusqu’au bout, nous lutterons pour des élections démocratiques, inclusives et nous vaincrons », a affirmé Olivier Kamitatu, directeur de cabinet et porte-parole de Moïse Katumbi.

Même position pour Augustin Matata Ponyo qui a tenu un point de presse ce mercredi. « Ça n’engage que M. Fayulu. Le LGD (Leadership et gouvernance pour le développement, ndlr) reste dans le processus électoral, va continuer à dénoncer le chaos électoral préparé par la CENI, la non-inclusivité de la CENI, les agissements de la Cour constitutionnelle, le fichier électoral qui est non conforme aux attentes de la population et qui ne répond pas aux critères », a déclaré l’ancien Premier ministre.

La position du reste des opposants est on ne peut plus claire. Pas de politique de la chaise vide, quels que soient les reproches faits au processus. Avec cette profonde divergence apparue entre Martin Fayulu et les autres, on peut légitimement s’interroger sur la pertinence du meeting que les quatre leaders veulent organiser ensemble, dimanche prochain, à la place Sainte-Thérèse, dans la commune de N’djili à Kinshasa. Et bien sûr, sur l’avenir de leur groupe.

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Historien, Journaliste, spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne
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