RDC : le retour des blocs pétroliers ravive les tensions entre développement et climat


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L'impact du changement climatique qui affecte le monde entier est d'une ampleur sans précédent. photo ONU.
L'impact du changement climatique qui affecte le monde entier est d'une ampleur sans précédent. photo ONU.

La République démocratique du Congo vient d’annoncer un nouvel appel d’offres pour 55 blocs pétroliers, dont 52 sont encore disponibles. Cette initiative, présentée par Kinshasa comme un projet de relance économique, fait déjà l’objet de vives critiques de la part des organisations environnementales. Greenpeace Afrique dénonce un « grave recul pour le climat ». L’organisation pointe du doigt une stratégie nationale en contradiction avec les engagements écologiques antérieurs.

Entre promesses d’investissement et menaces écologiques, la RDC semble à nouveau tiraillée entre exploitation pétrolière et préservation de son écosystème.

Un nouvel appel d’offres qui se veut rassurant

Après l’échec de l’appel d’offres lancé en 2022, le gouvernement congolais affirme avoir tiré les leçons de ses erreurs. Cette fois, 55 blocs ont été redécoupés, réorganisés et, selon les autorités, retirés des aires protégées. Le ministre des Hydrocarbures mise sur un cadre juridique renforcé, une fiscalité incitative et des études préalables rigoureuses pour séduire les investisseurs internationaux. Trois blocs auraient déjà trouvé preneur, et des négociations seraient en cours avec plusieurs sociétés, dont des groupes américains. Kinshasa espère ainsi démontrer sa volonté de professionnaliser son secteur énergétique et d’attirer enfin des investissements concrets dans la prospection pétrolière.

Greenpeace dénonce un retour en arrière climatique

Mais cette annonce a aussitôt suscité une vive réaction de Greenpeace Afrique. L’ONG voit dans cette relance pétrolière une rupture brutale avec les engagements climatiques précédents de la RDC. Elle évoque notamment la suspension de plusieurs enchères en 2024 ou encore l’initiative du couloir vert Kivu-Kinshasa. L’organisation accuse les autorités de faire passer les intérêts privés avant la transition énergétique et la protection des forêts du bassin du Congo, deuxième poumon vert de la planète. L’absence de transparence suscite une inquiétude croissante. Selon Greenpeace, l’absence de cartographie officielle et de rapports environnementaux empêche d’évaluer l’impact écologique de ces projets.

Des intérêts économiques qui s’opposent à l’urgence climatique

Pour Kinshasa, l’exploitation pétrolière reste un levier économique important dans un pays où la pauvreté est encore massive. Le gouvernement voit dans cette démarche une manière de renforcer sa souveraineté énergétique et de capter de nouveaux revenus. Mais selon les observateurs, le contexte économique mondial marqué par la baisse du prix du baril et le coût élevé de la prospection en zones reculées pourrait à nouveau compromettre la réussite de l’appel d’offres.

Un dilemme national aux répercussions globales

Le paradoxe est flagrant : la RDC se revendique pays-solution face à la crise climatique mondiale, tout en poursuivant des projets fossiles risqués dans des zones écologiquement sensibles. Ce nouvel épisode ravive un dilemme de fond : comment concilier développement économique et responsabilité écologique dans un pays où les enjeux humains, financiers et environnementaux s’entremêlent ? Greenpeace appelle à un retrait immédiat des blocs attribués et à une transition franche vers les énergies renouvelables, seule voie, selon l’organisation, pour garantir un avenir équitable et durable aux générations futures.

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