RDC : la perspective de sanctions individuelles ébranle le clan Kabila


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En République Démocratique du Congo, la pression internationale s’accentue sur le Président Joseph Kabila et son entourage, soupçonnés de vouloir s’éterniser au pouvoir. Si les Etats-Unis sont en pointe, ils pourraient bientôt être rejoints par les pays européens, exaspérés à l’idée de ne pas voir l’élection présidentielle se tenir dans le délai constitutionnel.

Ce vendredi 27 mai 2016, trois sénateurs américains, démocrates et proches du Président Barack Obama, ont demandé à leur pays d’appliquer des sanctions individuelles et ciblées contre les principaux auteurs et commanditaires des violences et atteintes aux Droits de l’homme en RDC en cette période pré-électorale. Richard Durbin, Edward Markey et Christopher Murphy ont tous trois présenté une résolution au Sénat dont l’objectif est de mettre la pression sur les autorités de Kinshasa afin qu’elles organisent l’élection présidentielle dans le délai constitutionnel, fixé au 27 novembre 2016. Les sanctions ciblées consisteraient notamment en une interdiction de visa et un gel des avoirs.

« Attention à ne pas couper les ponts avec la communauté internationale »

Dans les rangs de la Majorité présidentielle, on tente de faire bonne figure. Mais ça n’est pas si simple. « Sanctionner un pays est une chose, sanctionner des individus en est une autre », reconnait un député membre du groupe PPRD, qui se dit « inquiet » face à la tournure prise par les événements. « Attention », prévient-il, « à ne pas couper les ponts avec la communauté internationale ». De fait, la perspective de sanctions individuelles, plus efficaces que des sanctions collectives, fait perdre leur superbe à certains faucons du régime. « En public, on bombe le torse. Mais en privé, on se montre beaucoup moins sereins », concède ce proche collaborateur de ministre.

Aux Etats-Unis, un consensus large et bipartisan se dégage au Sénat pour appliquer des sanctions ciblées. Le sénateur républicain Jeff Flake, par ailleurs président du sous-comité Afrique au sein de la commission des affaires étrangères du Sénat, a en effet déclaré à Reuters que Démocrates et Républicains convergeaient à ce sujet. Mais l’Europe ne devrait pas être en reste. L’idée de sanctions individuelles commence à y à faire son chemin. En privé, les diplomates se montrent de plus en plus excédés face au peu d’entrain manifesté par le Président Kabila et son entourage pour organiser les élections, en particulier la Présidentielle. « Ils s’abritent derrière la CENI qui a bon dos. Et le budget, qui pourrait être dédié à l’organisation du processus électoral, est détourné à bien d’autres fins », peste un ambassadeur en poste à Kinshasa.

L’Ambassadeur d’Allemagne sort de sa réserve

Signe de l’exaspération des Européens face à l’enlisement de la situation politique en RDC, les déclarations de Wolfgang Manig, l’Ambassadeur d’Allemagne au Congo-Kinshasa, qui ne sont pas passées inaperçues. Sortant de sa réserve habituelle, celui-ci a déclaré, lors d’une conférence de presse, au sujet de l’arrêt « polémique » rendu le 11 mai dernier par la Cour constitutionnelle congolaise, que « ce (n’était) certainement pas un nouveau mandat qui (était) décrété » pour Joseph Kabila, avant de rappeler que le mandat présidentiel actuel devait se terminer « le 19 décembre 2016 » au plus tard.

En RDC, la situation politique se tend, certes, mais « la peur pourrait commencer à changer de camp », déclare ce militant de l’ECiDé, le parti de Martin Fayulu. D’autant que la population congolaise et les opposants semblent plus que jamais déterminés. Salomon Kalonda, le premier lieutenant de Moïse Katumbi, rappelait récemment sur Twitter que la « détermination » de ce dernier à « poursuivre son combat en faveur de l’Etat de droit » dans son pays « était intacte », en dépit de l’acharnement des autorités. Et pour Vital Kamerhe, suite aux nouvelles manifestations de l’opposition, jeudi 26 mai, « le peuple est en train de reprendre son droit souverain ». Dans les prochaines semaines, le cumul de la pression intérieure et extérieure risque de peser très lourd sur les épaules du régime de Kinshasa.

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