RDC : l’exécution du « programme d’urgence » de Felix Tshisekedi au cœur d’une recherche


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Le Président de la RDC, Félix Tshisekedi
Le Président de la RDC, Félix Tshisekedi

Le Groupe d’étude sur le Congo « GEC » a publié ce 7 mai un rapport sur le « programme d’urgence pour les premiers 100 jours » du Président congolais Felix-Antoine Tshisekedi, après la vague d’interpellations et d’arrestations des personnalités impliquées dans la mise en œuvre de ce programme lancé depuis le 2 mars 2019 à Kinshasa, la capitale congolaise.

Selon ce rapport , l’interpellation et l’audition des personnalités dont Vital Kamerhe permet de s’interroger sur les méthodes de gouvernance utilisées lors de la première année au pouvoir de Tshisekedi. « Sur base de documents reçus par des sources judiciaires et gouvernementales, et des entretiens avec des hauts responsables au sein des institutions congolaises, le Groupe d’étude sur le Congo (GEC) tente de tirer les leçons des dysfonctionnements relevés sur le programme d’urgence de Félix Tshisekedi ».

« La procédure judiciaire et l’audit en cours annoncés par la présidence de la République devraient conduire les autorités congolaises et leurs partenaires à une réflexion approfondie sur la redevabilité des institutions et une plus grande transparence dans la gestion des finances publiques », peut-on lire dans ce rapport intitulé  « Opacité, quand tu nous tiens, ce que l’affaire Kamerhe nous apprend de la gestion du programme d’urgence de Felix Tshisekedi » .

La précipitation dans le lancement de ce « programme d’urgence »

Après son élection à la magistrature suprême, le Président congolais avait présenté tambour battant son  » programme d’urgence pour les premiers 100 jours ». En effet, ces programmes concernaient divers secteurs dont  la politique, l’économie, les infrastructures routières, sanitaires, scolaires, l’accès à l’eau potable et l’électricité. Pour le Groupe d’étude sur le Congo, ce programme a été lancé sans étude préalable de sa mise en œuvre.

« Lorsque le Président Félix Tshisekedi dévoile, le 2 mars 2019, le contenu de son programme d’urgence pour ses premiers 100 jours, il n’y a toujours pas de Parlement, ni de gouvernement de coalition en fonction. (…), il est soupçonné d’avoir négocié son accession au pouvoir avec son prédécesseur Joseph Kabila et subit une forte pression populaire et diplomatique pour apporter le changement promis. Ce sont essentiellement des projets identifiés depuis le régime de Joseph Kabila, voire sous Mobutu, dont certains s’étaient arrêtés à mi-chemin à la suite des contraintes budgétaires inattendues » , précise-t-il .

Opacité dans la gestion de ce programme

Douze mois après son lancement, des personnalités impliquées dans son exécution étaient soupçonnées de détournements des fonds alloués à ce programme, de corruption et d’opacité dans la procédure de passation des marchés. A cet effet, ce rapport note que le dysfonctionnement observé dans l’exécution de ce programme montre clairement le manque de transparence des dirigeants congolais.

« Les affaires judiciaires en cours révèlent des failles dans la gestion des finances publiques, notamment la tendance, de la part du nouveau régime, à se baser sur des institutions parallèles pour conduire les affaires de l’État. Une situation qui conduit à une dilution des responsabilités. Ces pratiques, amplifiées par le contexte politique volatile depuis l’arrivée au pouvoir de Félix Tshisekedi, ne sont pas nouvelles. Elles ont caractérisé la gestion de l’État en RDC depuis des décennies et ont été souvent décriées par des organisations congolaises et des partenaires financiers de la RDC », ajoute-t-il.

Une voie vers la transparence

Pour la réforme du système judiciaire et administratif de la République démocratique du Congo, GEC plaide pour la poursuite des interpellations et auditions des personnalités impliquées dans la megestion. « Ces initiatives administratives et judiciaires resteraient incomplètes si elles n’arrivaient pas à réformer la façon dont les affaires de l’État sont gérées, en renforçant le contrôle parlementaire, en respectant la chaîne de dépense et les règles de passation des marchés, en renforçant les mécanismes de lutte contre la corruption, et en promouvant la transparence dans le processus budgétaire ».

Signalons que le Groupe d’étude sur Congo est un projet indépendant, à but non lucratif de recherche dédié à la compréhension de la violence qui affecte des millions de Congolais. Il effectue des recherches et enquêtes sur les différents aspects du conflit, de la gouvernance et des élections en République Démocratique du Congo.

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