RDC : Kabila refuse de « jouer le match » contre Katumbi au Katanga


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En RDC, la bataille présidentielle aurait-elle déjà commencé ? Passerait-elle par l’élection des nouveaux gouverneurs de province prévue le 26 mars prochain ? Quoi qu’il en soit, une chose est certaine : aucune des quatre nouvelles entités formées à partir de l’ex-Katanga n’aura à sa tête un proche de Moïse Katumbi, dont la popularité demeure pourtant intacte.

Et pour cause. Les candidatures de ces derniers ont toutes été invalidées par la Commission électorale nationale indépendante (CENI) – instance accusée par l’opposition d’être inféodée au pouvoir – et les recours rejetés par la Cour d’appel de Lubumbashi, le 8 mars dernier.

C’est le cas en particulier de trois anciens ministres provinciaux du gouvernorat de Moïse Katumbi : Jean-Marie Dikanga Kazadi, Barthélemy Mumba Gama et Edmond Mbaz – qui aurait été confronté, si sa candidature avait été validée, à l’ancien ministre de l’Intérieur Richard Muyej dans la province du Lualaba. Que leur reproche la CENI au juste ? De s’être présenté en tant qu’indépendants, alors que leurs partis respectifs demeurent membres de la Majorité présidentielle et que celle-ci a déjà présenté dans la province ses propres candidatures.

Cette décision s’inscrit dans un contexte de vives tensions, marqué par un recul des libertés publiques et des droits politiques, en particulier dans la riche province minière de l’est, clé pour l’élection présidentielle en RDC. Cette semaine, Pierre Lumbi, président du MSR et membre éminent du G7, l’une des principales plateformes de l’opposition, a exprimé son ras-le-bol face à la traque tous azimuts dont seraient victimes, selon lui, les opposants politiques dans la province de l’ex-Katanga. Le lundi 14 mars dernier, alors qu’il venait de débuter une rencontre dans une salle de réunion de l’Hôtel Lubumbashi, Pierre Lumbi et ses camarades « ont été brutalement empêchés de tenir leur réunion ». « Une énième preuve », d’après le MSR, « que la dérive totalitaire du pouvoir du Président Joseph Kabila atteint des sommets inégalés dans l’histoire (du pays). »

Dans l’ex-Katanga, la répression de l’opposition s’étend jusqu’aux médias. Depuis le 11 mars, « La Voix du Katanga », une télévision appartenant à Gabriel Kyungu, une autre figure du G7, très proche de Moïse Katumbi, a cessé d’émettre. Cette décision fait suite à la fermeture administrative, quelques semaines plus tôt, de deux chaines de radio-télévision, Nyota et télévision Mapendo, propriété directe du dernier gouverneur de la province cuprifère.

Selon un rapport publié cette semaine par le Groupe de recherche et d’information sur la paix et la sécurité (GRIP), « l’avenir de Joseph Kabila passe… par le Katanga, fief familial et politique ». Il risque cependant de rencontrer sur le terrain katangais une forte résistance de la part de Moïse Katumbi et du reste de l’opposition qui, eux, sont bien décidés à jouer le match électoral dans le strict respect des règles constitutionnelles.

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