RDC : la police étouffe la marche de l’opposition


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Martin Fayulu, candidat à l'élection présidentielle
Martin Fayulu, candidat à l'élection présidentielle

Malgré l’interdiction du gouvernement, l’opposition a tenté de tenir sa manifestation prévue ce jour. Cependant, la marche a été étouffée par les forces de l’ordre déployées à cet effet.

Ce mercredi, la marche programmée par cinq candidats à la Présidentielle du 20 décembre 2023 en RDC, mais interdite par les autorités, n’a pu avoir lieu. Très tôt, un dispositif sécuritaire dissuasif a été mis en place aux coins stratégiques de Kinshasa où les manifestants sont censés passer. Le siège de l’ECiDé, parti de Martin Fayulu et point de départ de la marche, ainsi que le siège de la CENI ont été particulièrement visés. Très vite, la situation a dégénéré entre les forces de l’ordre et les militants au siège de l’ECiDé.

On assista alors à l’usage de gaz lacrymogènes par les forces de sécurité et à des jets de pierres des manifestants qui brûlèrent également des pneus. Les affrontements ont eu lieu alors que Martin Fayulu était présent au siège de son parti. Selon les informations recueillies, les quatre autres candidats qui ont appelé à la marche avec Martin Fayulu n’ont pas été aperçus sur les lieux. Des blessés sont dénombrés parmi les manifestants et même parmi les agents de police. On parle également d’arrestations dans le rang des manifestants.

Martin Fayulu proteste et accuse la police de collusion avec la “milice de l’UDPS”

Après la dispersion des manifestants par la police, Martin Fayulu a fait une déclaration de presse dans laquelle il s’en est pris directement à la police. « Vous avez vu comment la police nous a attaqués ? Notre programme était très simple, on se rassemble petit à petit et à midi, nous devrions quitter ici pour aller au siège de la CENI », a déclaré le leader de l’ECiDé. Puis, il dénonce une collusion entre les forces de l’ordre et la “milice de l’UDPS”.

« Alors, bien qu’ils aient barré les issues pour arriver ici, nous avons déployé une stratégie avec des militants qui sont venus de Tshangu. Ils ont mis les jeunes de l’UDPS qu’on appelle force du progrès pour leur barrer la route et éviter que cette masse arrive. Ils ont fait des tirs de sommation. Donc, vous voyez la violence avec laquelle la police nous empêche de manifester. La police se mélange avec la milice de l’UDPS », a ajouté le candidat. Avant de poursuivre dans ses récriminations : « Est-ce que nous sommes encore dans un État de droit ? Est-ce que la police peut s’associer avec une milice ? Est-ce que nous ne pouvons pas manifester ? Nous avons dit que nous allons manifester pour dire non à ce braquage électoral ».

La police accuse les organisateurs de la manifestation d’utiliser des mineurs

Martin Fayulu n’est pas la seule personne qui accuse dans ce dossier. La police a également accusé Martin Fayulu et ses collègues candidats de l’opposition d’avoir utilisé des mineurs dans la manifestation de ce jour. C’est ce que dit clairement le commissaire provincial de la police pour la ville de Kinshasa, le général Blaise Kilimba Limba. « Les organisateurs ont mis en avant-plan les mineurs qui ne sont pas encadrés par leurs parents. À un moment donné, ils seront interpellés pour justifier la présence des enfants en lieu de manifestation », indique-t-il. Cette autorité policière explique aussi que certains parmi ces enfants ont été blessés tout comme deux policiers. Martin Fayulu, pour sa part, parle de 11 blessés parmi les manifestants.

Martin Fayulu, Denis Mukwege, Théodore Ngoy, Jean-Claude Baende et Nkema Liloo avaient annoncé cette marche pour protester contre ce qu’ils appellent un chaos électoral, et demander l’annulation et la reprise des élections. Mais, le Vice-premier ministre en charge de la Sécurité, Peter Kazadi, avait interdit la tenue de la manifestation.

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Historien, Journaliste, spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne
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