RDC : 184 personnes massacrées par les rebelles ougandais de l’ADF


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Au moins 184 personnes ont été tuées dans le territoire de Béni, dans l’est de la République Démocratique du Congo (RDC), selon l’organisation de défense des droits de l’Homme Human Rights Watch. Les rebelles ougandais de l’ADF sont mis en cause dans ces tueries.

Le sang continue de couler dans le territoire de Béni. Depuis début octobre, au moins 184 personnes ont été tuées dans le territoire de Béni, dans l’est de la République Démocratique du Congo (RDC), selon l’organisation de défense des droits de l’Homme, Human Rights Watch. Les rebelles ougandais de l’ADF sont tenues pour responsables de ces tueries par l’ONG et la société civile, ainsi que les autorités congolaises.

Selon Human Righst Watch, des victimes et des témoins ont décrit les violentes attaques au cours desquelles les rebelles ont méthodiquement tué des civils à coups de hache, de machette et par balles. « Des attaques de grande ampleur menées quasiment une fois par semaine par des rebelles terrorisent les résidents de Beni, qui ne savent pas où se tourner pour obtenir une protection », a déclaré Ida Sawyer, chercheuse senior sur la RD Congo à Human Rights Watch. « Les forces des Nations Unies et de la RD Congo doivent de toute urgence coordonner leurs efforts et améliorer la protection des civils à Beni. »

Des victimes crucifiées

Selon des hauts responsables des Nations Unies et de l’armée congolaise, les récentes attaques seraient menées par les Forces démocratiques alliées (ADF), un groupe rebelle d’origine ougandaise qui est actif sur le territoire de Beni depuis 1996. Des officiels indiquent que les ADF agissent peut-être conjointement avec des combattants d’autres groupes armés.

Les rebelle des ADF, y compris des Ougandais et des Congolais, sont aussi responsables de plusieurs dizaines d’enlèvements au cours des dernières années. Des civils qui avaient été précédemment détenus dans des camps des ADF ont décrit avoir vu des meurtres par crucifixion, des exécutions de captifs ayant tenté de s’échapper et des personnes avec la bouche cousue pour avoir prétendument menti à leurs ravisseurs. Certains prisonniers accusés de « mauvaise conduite » étaient maintenus dans des trous ou dans un coffre renforcé avec des clous pendant plusieurs jours ou pendant plus d’une semaine. Les attaquants ont aussi violé des femmes et les ont forcées à devenir leurs « épouses ».

Pas plus tard qu’en janvier dernier, l’armée congolaise a officiellement lancé une nouvelle phase d’opérations militaires contre les ADF. Mais avec une assistance logistique limitée de la part de la mission de maintien de la paix de l’ONU en RDC, la MONUSCO, et de sa brigade d’intervention. Un contingent de 3 000 hommes a été créé au sein de la MONUSCO, au milieu de l’année 2013, pour mener des opérations militaires contre les groupes armés.

Impuissance des autorités

La toute dernière vague d’attaques a commencé plusieurs mois après que l’armée congolaise ait chassé les ADF hors de leurs bases principales. Au cours des derniers mois, la MONUSCO a considérablement renforcé sa présence dans la région de Beni dans une tentative de mieux protéger les civils.

Certains témoins ont affirmé n’avoir obtenu aucune réponse, ou qu’une réaction tardive, lorsqu’ils ont sollicité la protection de l’armée. Les officiels des Nations Unies ont indiqué que l’armée s’est opposée aux tentatives de l’ONU de coordonner la protection des civils, et a empêché les troupes de l’ONU d’effectuer des patrouilles dans certaines zones pour protéger les civils, selon Human Rights Watch.
Des défenseurs congolais des droits humains ont documenté les meurtres de plus de 230 civils dans la région de Beni, depuis le début du mois d’octobre.

De son côté, le gouvernement congolais a assuré avoir arrêté plusieurs combattants des ADF présumés et d’autres personnes soupçonnées de collaborer avec les ADF ou de les soutenir. Mais en attendant, les massacres se poursuivent en silence, dans l’impunité.

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