Rachida à Cannes


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L’Algérie sera présente à la 55e édition du Festival de Cannes avec le film de Yamina Bachir Chouikh, Rachida. Une oeuvre totalement immergée dans la réalité algérienne marquée par le surgissement de l’hydre intégriste. Par l’affirmation aussi d’expressions résistantes d’une population qui n’a voulu ni céder à la fatalité ni abandonner le terrain.

Yamina Bachir Chouikh, que les cinéphiles algériens connaissent pour sa maîtrise du montage cinématographique, a travaillé, dans ce cadre, en Algérie et au Maroc avec des cinéastes tels que Ahmed Rachedi, Okacha Touita, Mohamed Chouikh ou Abdelkader Lagta. Après presque trente années de présence dans le cinéma – elle avait débuté en 1973 -, elle franchit le pas avec Rachida qui est son premier film en tant que réalisatrice. Un film qui s’est fait dans la difficulté d’une recherche constante de financements, de réticences et de préjugés à vaincre, mais aussi avec la volonté ferme d’aller jusqu’au bout d’un projet qui entendait témoigner d’un vécu algérien.

Rachida, femme algérienne

Yamina Bachir Chouikh a mis pratiquement cinq ans pour faire aboutir Rachida. Elle n’a reçu quasiment aucune aide en Algérie et n’a pu engager la production et la réalisation de Rachida qu’avec des soutiens extérieurs. Produit par Ciel Production, le film a notamment bénéficié des appuis de Arte et du Fonds Sud cinéma. Rachida aura été pour Yamina Bachir Chouikh un véritable parcours du combattant, et il illustre chez elle un double désir de continuer d’exister en tant que citoyenne et cinéaste. La cinéaste confiait récemment à Jean-Pierre Garcia, le directeur du Festival d’Amiens, que le personnage de Rachida s’était, en fait, imposé à elle. « Je voulais sceller sur la pellicule le désarroi des citoyens ordinaires, considérés jusque-là comme des statistiques dans les bilans d’attentats macabres », explique Yamina Bachir Chouikh.

Le film est déjà une victoire contre l’occultation et l’enfouissement des valeurs qui font la personnalité des femmes algériennes. Rachida est un hymne à la vie et au cinéma.

Djamel Eddine Merdaci

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