Question de Respect


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Vent d’air frais sur la presse magazine française… Le numéro zéro de  » Respect  » est à mettre entre toutes les mains. Porté par une équipe passionnée et métissée, il se veut la voix d’une jeunesse urbaine de toutes origines sous (et mal) représentée.

 » Décoloniser nos imaginaires. Voir autrement. Vivre ensemble  » C’est le credo de Respect, dernier-né innovant de la presse magazine française qui lance dès aujourd’hui un numéro zéro à se procurer sur Internet. La couverture illustre l’ambition du journal de parler d’une France multiethnique et multiculturelle : une mosaïque de visage s’imbrique avec grâce, relevée par une mèche blonde ou ébène.

Reflets dans un oeil noir ou violet… l’important c’est de  » regarder le monde avec des yeux éclairés « , clame Bams, l’une des rédactrices.  » Respect veut sortir du regard habituel que la presse porte sur la jeunesse.  » Ainsi, Respect, dont le gros des troupes est basé à Paris et en région parisienne, a aussi des relais à Lille, Toulouse, Marseille ou Grenoble et espère bien dépasser son coeur de cible, les 18-35 ans.

Prise de parole

 » Notre but c’est de parler différemment de la France à la France et de nous adresser à toute la société française. Nous voulons défendre l’idée d’une France différente qui assume sa différence « , indique Marc Cheb Sun, le rédacteur en chef. L’équipe est elle-même plurielle et métissée, mélangeant les journalistes professionnels et ceux pour qui ce numéro était une  » première prise d’écriture « .  » J’ai cherché des gens qui avaient un vécu, un savoir-faire à apporter mais qui ne voulaient pas se réduire à ce vécu ou à ce savoir-faire.  » Résultat : Marc Cheb Sun avoue que le magazine est  » à la frontière entre le travail de journaliste et la prise de parole « .

Coups de gueule, de blues et de coeur s’enchaînent sous le regard bienveillant de parrains d’envergure, de Rachid Arhab à Yamina Benguigui, en passant par les Nubians ou Cheb Mami. La qualité des textes et l’importance des sujets abordés font oublier une maquette un peu répétitive. Le premier dossier traite des  » Questions d’identités  » qu’on soit d’origine portugaise, algérienne ou mauritanienne. Les parcours et témoignages personnels alternent avec l’éclairage de personnalités comme le professeur Benjamin Stora ou la femme politique Christiane Taubira.

Passerelles

Les membres de l’équipe ont chacun leur vision de Respect.  » Le but, c’est d’installer un contre-pouvoir, de construire une parole dans ce contexte post-électoral où l’on rejette les mendiants, les prostituées et tout ce qui dérange une société blanche « , explique avec douceur et détermination Marie Vanaret, rédactrice. Nachida Baba Aïssa, elle aussi rédactrice, insiste sur l’idée de  » partage  » car  » les choses n’ont de sens que si elles sont partagées « .  » Respect est le relais des initiatives faites par des jeunes qui n’ont pas toujours les moyens d’exprimer leur créativité. C’est une passerelle entre la ville et la banlieue, entre les cultures urbaines et les arts dit  » majeurs « .

Ce numéro zéro fourmille d’idées, comme cette  » Chronique DES insécurités « ,  » qui va à contre-courant de la médiatisation de  » l’insécurité « , parle de toutes les violences comme la violence masculine, conjugale, la toxicomanie, les cas de sida qui ne sont pas soignés dans les quartiers. C’est ça, la violence urbaine « , insiste Marc Cheb Sun. Pour que Respect puisse grandir, une campagne d’abonnement a été lancée. Pour que le n°1 existe et fasse des petits…

Respect : la couverture du numéro zéro.

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