Quel avenir pour la Méditerranée ?


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Le Plan Bleu, basé dans le Sud de la France, a fait travailler quelque 300 experts méditerranéens pendant 4 ans pour livrer un rapport sur le devenir du bassin méditerranéen à l’horizon 2025. Les conclusions sont pessimistes, et invitent à l’action.

De Portoroz,

Quel avenir pour les 430 millions de Méditerranéens ? C’est la question à laquelle le Plan Bleu, créé en 1977 et basé à Sophie-Antipolis, dans le Sud de la France, tente de répondre dans un rapport pluridisciplinaire qui a mobilisé 300 experts des deux rives pendant 4 ans. L’ouvrage qui en découle, Méditerranée, les perspectives du Plan Bleu sur l’environnement et le développement, dresse un tableau sans concession du devenir du bassin méditerranéen à l’horizon 2025. Guillaume Benoît, le directeur du Plan Bleu, vient de présenter le livre et ses conclusions à l’occasion de la Quatorzième réunion des Parties contractantes à la Convention de Barcelone sur la protection du milieu marin et du littoral de la Méditerranée (Portoroz, Slovénie, 8-11 novembre).

Le bassin méditerranéen compte 22 pays et territoires (en incluant les territoires palestiniens), abrite 427 millions d’habitants, soit 7% de la population mondiale, et accueille chaque année 364 millions de touristes, soit 30% du tourisme international. Selon Guillaume Benoît, la région devra faire face d’ici 2025 à d’immenses défis comme les dégradations de l’environnement, et donc la vulnérabilité croissante aux risques naturels, ou encore la fracture économique, sociale et environnementale entre le Nord et le Sud.

« Scénario tendanciel de base »

Le rapport dégage six grands enjeux de développement durable : les espaces urbains, l’espace rural, l’eau, l’énergie, les transports et le littoral. Il dresse un constat des évolutions passées et de la situation actuelle, puis explore des avenirs possibles pour la région, en s’appuyant sur un « scénario tendanciel de base ». « Celui-ci ne prétend pas prédire l’avenir », rappelle Guillaume Benoît. « C’est juste un scénario ‘réaliste’ qui décrit le cadre dans lequel la Méditerranée pourrait évoluer pendant les 25 prochaines années si aucun changement profond n’intervenait. »

Or, ce « changement profond » tarde à venir. Les politiques d’environnement et de développement durable engagées jusque-là ont été insuffisantes pour renverser les tendances lourdes. Résultat : l’une des principales conclusions du précédent rapport du Plan Bleu (c’était en 1989) est malheureusement toujours d’actualité en 2005. Cette conclusion la voici : « Si le processus de développement vient en général dégrader l’environnement, en Méditerranée, la dégradation de l’environnement tend en retour à freiner, voire à compromettre, le développement en raison de la rareté de l’eau, de l’intensité de la dégradation des sols, de la fragilité des écosystèmes côtiers, de l’ampleur des risques naturels et de la concentration des pressions sur les fragiles régions côtières, lieux privilégiés de l’activité humaine et surtout du tourisme ».

Méditerranée, les perspectives du Plan Bleu sur l’environnement et le développement, dirigé par Guillaume Benoît et Aline Comeau, éditions de l’Aube.

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