Quand photo rime avec mémento


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Qui fut ministère de l’Enseignement supérieur en 1960 ? A quoi ressemble-t-il ? C’est cette recherche que le photographe béninois, Yves Parfait Koffi, a entrepris de réaliser depuis 2001. Il reconstitue ainsi la mémoire photographique des ministères béninois. Zoom sur son travail…de fourmi.

La photographie n’intéressait pas Yves Parfait Koffi, ce Béninois de 40 ans, mais à travers elle, il fait œuvre utile, depuis quelques années, en reconstituant une partie de la mémoire photographique de l’administration béninoise. Depuis 2001, Il s’emploie à retrouver les portraits des personnes qui ont eu la charge d’un ministère depuis 1957, date à laquelle les Béninois ont pu accéder à ce poste. Ce travail a déjà été réalisé pour les ministères de l’Enseignement Supérieur, de la Fonction publique, des Finances et pour le très jeune ministère de l’Environnement et de l’Urbanisme. La réalisation du trombinoscope des détenteurs de ce dernier portefeuille lui sera d’ailleurs commandé pour le dixième anniversaire du ministère. Les origines du projet ? « L’idée est venue alors que je faisais des tournées pour couvrir des évènements pour le compte du ministère de l’Enseignement et de la Recherche ».

Vocation tardive

Il se souvient encore de sa première commande pour ce ministère alors qu’il était sans le sou. « Je suis rentré à la maison et avec mon épouse, je me suis à prier pour trouver les moyens financiers qui me permettraient de réaliser ce travail ». La providence prendra les traits de Monseigneur Georges Roll qui lui avance 20 000 F CFA (environ 30 euros). Tout comme elle l’a déjà conduit vers la photographie. « J’ai découvert la photographie en 1977. Ma mère voulait que je fasse de l’apprentissage photo mais cela ne m’intéressait pas du tout. Quand je suis arrivé au secondaire, j’ai commencé à suivre une formation en audiovisuel à l’archidiocèse de Cotonou. La responsable de la formation, Madame Codo Gabriella m’a encore mis sur la piste de la photographie. J’ai suivi pendant deux ans une formation dans le domaine qui a été sanctionnée par un certificat. Mais je ne pensais toujours pas en faire un métier ».

La révélation vient plus tard lors d’une formation spirituelle qui l’amène dans l’Ouest de la Côte d’Ivoire, dans la région de Man. « Je me suis dit : c’est là (dans la photographie, ndlr) que tu pourras faire carrière et peut être devenir un photographe de renom. ». Sa première réalisation, destinée au ministère de l’Enseignement supérieur est donc livrée le 24 décembre 2001. Au bout de deux mois d’un travail méticuleux, « car si une photo manque, c’est que le travail n’est pas fait » ; et quelque fois de restauration pour les photos les plus vieilles (parfois tâchées). Ces travaux sont néanmoins sous-traités auprès de spécialistes coréens. « Le matériel coûte très cher, dit-il, c’est pourquoi je m’adresse à eux, ils disposent de tout l’équipement nécessaire. Je leur demande ce que je souhaite. Ce travail est nécessaire pour que les photos restent contemporaines. »

Tâche ardue

Pour mener à bien son travail, il se plonge également dans les archives publiques, à Porto-Novo (capitale politique du Bénin) pour y trouver les arrêtés nommant les ministres et éplucher les publications du Journal Officiel (J.O) de la République. Des archives qui ne sont d’ailleurs pas toujours complètes. « Par exemple, pendant la période de grève de 1984 où le J. O n’a pas été pas publié », note Koffi Parfait. Il y retrouve les dates précises du début et de la fin des mandats des ministres. Leurs portraits leur seront ensuite réclamés, à eux ou à leurs familles.

D’autres chantiers s’ouvrent, aujourd’hui pour Yves Parfait Koffi, notamment des projets en instance pour les ministères de la Culture, des Mines ou encore de la Justice. Mais le plus important d’entre tous est celui qu’il compte réaliser sur les présidents béninois. Pour l’instant, Yves souhaite se former davantage, découvrir d’autres horizons et travailler pour une agence de presse internationale en attendant de réaliser son rêve. Un rêve très cher à ce fervent catholique : travailler au Vatican et devenir le photographe du Pape.

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