Projet de loi de finances 2015 : le gouvernement algérien s’emmêle les pinceaux


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Face au déclin des recettes des exportations d’hydrocarbures, des mesures d’alignement du taux de l’IBS de 23% s’appliqueront aux producteurs, alors que la politique économique actuelle vise à favoriser l’industrie et la production nationales.

Le projet de loi de finances pour 2015, dont on attend toujours de connaître l’échéance officielle pour son examen en Conseil des ministres, fait déjà l’objet de tant de spéculations et de tergiversations. Document de politique économique par excellence, le projet de loi de finances attendu devrait logiquement être moins anodin que ceux proposés ces quelques dernières années, car intervenant, tout simplement, dans un contexte de moindre aisance financière, voire de début de crise.

Et c’est ainsi que, faute d’une vision économique rationnelle et de long terme, le gouvernement semble déjà commencer à tergiverser sur les mesures à prendre pour faire face à la nouvelle ère de moindres quantités d’hydrocarbures à exporter et donc, de moindre rente à distribuer.

Nouveau régime fiscal

Aussi, les premiers éléments filtrant sur les dispositions du projet de loi de finances pour 2015 laissent surtout entrevoir à quel point les décideurs en place s’emmêlent déjà les pinceaux. Tel qu’annoncé officiellement, le document en question doit d’abord servir à enclencher un nouveau plan quinquennal d’équipements et d’investissements publics. L’optique d’une politique de rationalisation des dépenses et de maîtrise des déficits serait donc logiquement écartée.

Le gouvernement restera ainsi prisonnier de sa logique d’investissement public pour maintenir la croissance artificielle qui sous-tend l’essentiel de sa politique économique de la dernière décennie. Et pour maintenir cette croissance, sans laquelle il y aurait aggravation du chômage et des déficits sociaux, le gouvernement – contrairement à ce qu’il aime prêcher – ne pourra que maintenir le train actuel de ses dépenses à l’importation, dont l’essentiel, faut-il le rappeler, va à l’équipement et aux factures alimentaire et de médicaments.

Or, les autres grandes lignes annoncées de la loi de finances pour 2015 seraient conçues pour instaurer de nouvelles mesures visant à favoriser l’industrie et la production nationales, comme convenu par les accords lors de la dernière tripartite.

La même taxe pour tous

D’emblée, le projet de loi en question charrierait, si l’on en croit les informations rapportées hier par TSA, une mesure pour le moins incohérente, à savoir un alignement à 23% des taux de l’impôt sur les bénéfices des sociétés (IBS), mettant ainsi producteurs et importateurs sur un pied d’égalité.

C’est dire que les résolutions de réhabilitation de l’industrie et de la production nationales, serinées à tue-tête ces derniers mois, ne sont en fait qu’un simple discours de circonstance, face au déclin amorcé du secteur des hydrocarbures. En somme, hormis quelques «mesurettes», qui serviront surtout à détourner le débat des véritables enjeux, tels le retour au crédit à la consommation et une nouvelle taxe des passeports, le contenu du projet de loi de finances pour 2015 devra surtout charrier de graves paradoxes de politique économique, en autorisant encore des allocations inconsidérées de ressources publiques pour financer la croissance par l’importation.

De notre partenaire El-Watan

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