Procès Thomas Sankara : « Les 11 militaires ont été tués inutilement, méchamment »


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Thomas Sankara, ancien Président du Faso
Thomas Sankara, ancien Président du Burkina Faso

Le passage des témoins se poursuit à la salle des banquets de Ouaga 2000 où se déroule le procès de l’assassinat du capitaine Thomas Sankara. Ce mercredi, Boukari Kaboré a passé la main à Pierre Ouédraogo.

Ce mercredi, Boukari Kaboré dont l’audition a commencé hier, mardi 16 novembre, était encore à la barre. L’homme a pu répondre aux différentes questions à lui posées par les avocats de la partie civile. Il est revenu sur les qualités de Thomas Sankara qu’il a présenté comme un homme inoffensif. « Il (Thomas Sankara, ndlr) était un militaire. Si c’est pour défendre son pays, défendre son peuple, oui ; mais il ne pouvait pas tuer une poule », a-t-il lancé, avant d’ajouter : « Ceux qui ne l’aiment pas, c’est peut-être de l’antipathie naturelle et ça se comprend. Sinon l’homme était particulièrement exceptionnel ».

Le Lion du Boulkiemdé a également parlé du massacre des soldats de son unité, le bataillon d’intervention aéroporté (BIA), le 27 octobre 1987. À en croire Boukari Kaboré, ses éléments n’étaient pas en état de guerre, puisqu’il leur avait demandé de rejoindre chacun son domicile après avoir appris la mort du capitaine Thomas Sankara. C’est donc des hommes démobilisés qui ont été assassinés. L’attaque elle-même n’a fait qu’une seule victime, un civil. « Les 11 militaires ont été tués inutilement, gratuitement, méchamment », a insisté l’ex-commandant du BIA qui a dénoncé des « assassinats ciblés ».

Une première confrontation a eu lieu entre Boukari Kaboré et Gilbert Diendéré au sujet d’une note d’information relative à un prétendu coup d’État de Thomas Sankara, le 15 octobre 1987. Des propos rapportés par Boukari Kaboré qui aurait été informé par le capitaine Henri Zongo (un des quatre leaders de la révolution du 4 août), Gilbert Diendéré aurait reçu la note lors d’une réunion qu’il dirigeait entre les équipes de sécurité de Blaise Compaoré et Thomas Sankara, dans la matinée du 15 octobre.

Interpellé sur ce fait, Gilbert Diendéré a apporté un démenti aux propos de Boukari Kaboré en disant : « Je pense que l’information qui a été donnée au Lion n’est pas exacte. Je n’ai pas reçu de document. Je n’ai rien reçu comme papier qui dit qu’il y aurait quelque chose à 20 h ». Après Boukari Kaboré, Pierre Ouédraogo, l’ancien secrétaire national des Comités de défense de la révolution (CDR) a été invité à la barre pour apporter sa part de vérité. Il fait partie des proches de Thomas Sankara arrêtés tout juste après l’assassinat du Président du Faso.

« Ceux qui ont eu la chance ont été emprisonnés ou radiés de l’armée et ceux qui ont eu moins de chance ont été assassinés », a-t-il déclaré. Mis aux arrêts, le 17 octobre 1987, il sera libéré, le 17 mai 1988. « J’ai été libéré par Gilbert Diendéré et Abdoul Salam Kaboré. Et après ma libération, j’ai été radié de l’armée et reversé comme enseignant affecté à Fada ». Pierre Ouédraogo a également abordé les divergences qui opposaient le Président du Faso au guide libyen, Mouammar Khadafi qui voulait islamiser le Burkina Faso.

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Historien, Journaliste, spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne
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