Priorité aux jeunes chômeurs


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Le gouvernement nigérien alloue un milliard de F CFA aux jeunes chômeurs dans le cadre d’un projet de lutte contre la pauvreté initié par la présidence de la République. Un projet bienvenu mais insuffisant pour une jeunesse qui souffre de plus en plus d’exclusion sociale.

L’insertion professionnelle des jeunes chômeurs est, pour l’exercice 2003-2004, la priorité du gouvernement nigérien et du président de la République, Mamadou Tandja. Un fonds d’un milliard de F CFA est en effet prévu dans cette optique dans le cadre du « programme spécial du président de la République » déjà en cours de réalisation. Il vise à financer des projets de développement pour lutter contre la pauvreté. L’origine des fonds : les remises de dettes effectuées dans le cadre de l’Initiative pour alléger l’endettement des pays pauvres très endettés (PPTE) de la Banque Mondiale. Les jeunes chômeurs nigériens, de 15 à 35 ans, devront remplir certains critères pour bénéficier de ce fond directement géré par la présidence de la République. « Les candidats doivent s’organiser en GIE (Groupement d’intérêt économique) afin de présenter un projet susceptible d’être financé. Les crédits accordés ne devraient pas excéder 2 à 3 millions de francs », indique Mounkaila Sanda, ministre de la Jeunesse et de l’Insertion professionnelle.

Exclusion sociale

Dans le cadre de ce projet, un accent particulier est mis sur le secteur agro-pastoral pour limiter le phénomène d’exode rural. « Les petits métiers auxquels nous formons les jeunes dans les différents centres de formation qui dépendent de mon ministère doivent les aider à travailler dans les villages », précise le ministre nigérien. Les jeunes postulants bénéficieront de l’encadrement technique du ministère de la Jeunesse. Si la mesure est louable, elle paraît néanmoins insuffisante pour certains, comme Souleymane Cissé, journaliste et sociologue. « C’est de la poudre aux yeux », affirme ce dernier. « Ce n’est ni l’avis des jeunes, ni celles des populations nigériennes », répond Mounkaila Sanda, interrogé plus tard sur cette critique. Auteur d’un rapport sur l’exclusion sociale des jeunes présenté au forum social nigérien en septembre 2003, Souleymane Cissé estime que la jeunesse nigérienne souffre de bien d’autres maux, notamment en matière d’éducation.

Selon lui, le système éducatif nigérien, en décrépitude, et les mesures imposées par les bailleurs de fonds sont responsables du chômage des jeunes de plus en plus victimes de l’exclusion sociale. « La fonction publique ne peut pas recruter les jeunes diplômés. Le Niger compte un médecin pour 45 000 habitants alors que près d’une centaine de médecins sont au chômage. Le gouvernement nigérien craint plus les foudres de la Banque mondiale que celle de sa population ». Par ailleurs, le système éducatif nigérien laisserait sur la touche de nombreux jeunes déscolarisés. « En 2000, poursuit-il, 774 enseignants ont été mis en retraite anticipée par décret. 700 classes, de 70 élèves en moyenne, se sont par conséquent retrouvées sans enseignant». La moitié de la population nigérienne est âgée de moins de 15 ans.

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