Présidentielle en Côte d’Ivoire : les états-majors déjà en mouvement


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A pratiquement deux ans de l’élection présidentielle ivoirienne de 2015, les différents états-majors des grands partis politiques sont déjà en mouvement, le cap fixé sur cette élection majeure de la vie politique nationale.

De 2010 à 2015, les enjeux fondamentaux qui donnent à cette élection son caractère exceptionnel et déterminant ont considérablement évolué. Pour les directions de ces partis, il va falloir désormais redéfinir de nouvelles stratégies de conquête ou de conservation du pouvoir, en expliquant pourquoi. Pour les électeurs, encore traumatisés par la crise post-électorale de 2011, il ne s’agit plus pour les uns de défendre au prix de leur vie une souveraineté nationale soi-disant menacée. Et pour les autres, le combat pour se réapproprier leur identité ou ivoirité perdue ou menacée est aujourd’hui acquis. De fait, les uns et les autres s’apprêtent à nouveau à faire face à de nouveaux enjeux auxquels chaque acteur devra mesurer sa part d’engagement et de responsabilité.

Le PDCI face à un triple enjeu

Il ne se passe pas un seul jour sans que le PDCI-RDA n’occupe l’actualité médiatique nationale. Mais derrière toutes ces tensions et manœuvres politiques, se jouent de véritables stratégies de repositionnement. Le PDCI est désormais confronté à un triple enjeu politique de reconquête du pouvoir et de leadership. Le premier enjeu consisterait à préserver subtilement l’alliance politique entre le RDR et lui, tout en repensant sa stratégie de reconquête de son électorat traditionnel. Comment accompagner le chef de l’Etat dans ses objectifs de reconstruction du pays, tout en se préparant pour la reconquête du pouvoir, le moment venu, avec un candidat mis en orbite après le congrès du parti ? Le second enjeu, consisterait à trouver un consensus entre les différents opposants à la candidature de Bédié et lui d’une part ; et d’autre part, autour de son futur successeur. Et enfin, comment éviter par ces consensus, l’explosion du PDCI et la création d’un autre parti par des dissidents ? Tout cela, avec un contrôle de l’appareil par son actuel président, pour garantir l’alliance au sein du RHDP. Cette recherche d’équilibre qui peut donner l’impression d’une manœuvre risquée, peut avoir pour objectif final de protéger d’éventuels ou possibles accords secrets. Pour cela, les affrontements au PDCI, qui témoignent d’une réelle assise démocratique, devraient aboutir à un accord qui permet à chaque acteur de se repositionner dans un dispositif gagnant-gagnant.

Le RDR confronté à une double menace

En 2010, le RDR, après sa très longue traversée du désert, était fortement porté par une réelle volonté de conquête du pouvoir. Elle était animée par ses militants et sympathisants, pour qui, cette élection était tout simplement l’ultime action militante de leur vie. Après tant d’années de frustrations, de brimades en tout genre, d’humiliation et de déni de nationalité, ces femmes et ces hommes qui n’avaient plus rien à perdre s’étaient préparés à ce combat politique décisif. Aujourd’hui, les enjeux ne sont plus les mêmes. La direction du RDR le sait aussi bien que ses militants, qui pour beaucoup en veulent aux cadres de leur parti, en dehors de leur président. Pour eux, celui-ci remplit pour l’instant sa part du contrat, en se battant comme il peut pour faire revenir la paix, développer le pays, ainsi que le revaloriser au niveau international. Mais, cela va-t-il suffire à recréer la même dynamique et le même engouement militant qu’en 2010 ? Voilà la première menace à laquelle le RDR sera confronté en 2015. La deuxième consiste à trouver les moyens d’élaborer une stratégie de communication qui permette au RDR de convaincre à nouveau ses propres déçus et ceux de son allié, le PDCI, qui pourraient fortement traîner les pieds en cas de nouvelles consignes de vote, contre leur volonté.

Rapprochement entre le FPI et Ouattara

Au FPI, la liberté provisoire des caciques de ce parti, notamment de son président, Affi N’Guessan, est une excellente stratégie de communication politique pour l’exécutif. Si le FPI présente un candidat à cette élection, cela donnerait de fait un véritable signal démocratique à cette réconciliation nationale qui peine toujours. Malheureusement, il va falloir désormais compter avec la CPI qui s’invite dans ces calculs politiques, en réclamant Simone Gbagbo et Blé Goudé contre la volonté du Président Ouattara et du FPI. Voilà au moins une position commune, qui pourrait servir de base à un rapprochement vers la réconciliation.

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