Présidentielle au Liberia, George Weah : quitte ou double


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Le Président du Liberia, George Weah
Le Président du Liberia, George Weah

Ce mardi 10 octobre 2023, les Libériens iront aux urnes pour élire leur président de la République, entre autres. George Weah, au pouvoir depuis 2017, veut rempiler. Face à lui, 19 challengers.

George Weah réussira-t-il à gagner, une deuxième fois, la confiance des Libériens ? C’est la question qui se pose lors de ces élections générales au Liberia. Ce mardi, en effet, environ 2.4 millions d’électeurs iront voter pour ces joutes électorales. Entre autres responsables à élire, le président de la République. Au total, 19 candidats lorgnent le fauteuil de Geroge Weah. Parmi eux, les plus en vue sont : Joseph Boakai, ancien Vice-président de Ellen Johnson Sirleaf, et principal challenger de George Weah, en 2017 ; l’homme d’affaires Alexander Cummings et l’avocat défenseur des droits humains Taiwan Gongloe.

Un bilan en demi-teinte

L’accession au pouvoir de George Weah, en 2017, après deux tentatives infructueuses, a suscité beaucoup d’espoir. Surtout parmi les couches les plus défavorisées de la société libérienne qui reconnaissent en l’ancien Ballon d’or un des leurs. En effet, élevé par sa grand-mère dans un bidonville de Monrovia, George Weah était d’origine modeste comme la majorité des Libériens. Mieux, appartenant à l’ethnie Kru, il est l’un des rares Présidents autochtones connus par le pays.

Mais à l’arrivée, les attentes semblent loin d’être comblées. «Weah a axé sa campagne de 2017 sur l’égalité des chances, une idée qui a du sens au vu de notre histoire. Mais il est loin d’avoir tenu ses engagements», fait remarquer Eddie Jarwolo, directeur exécutif de Naymote, une organisation œuvrant pour la bonne gouvernance. «Sur 292 propositions, poursuit-il, seuls 8% ont été réalisés. Elles portent essentiellement sur les infrastructures». Les crises sanitaires – d’abord la maladie à virus Ebola, et ensuite la pandémie de Covid-19 – et l’inflation due à la guerre russo-ukrainienne ont aggravé les difficultés du Liberia.

Le règne de l’impunité

Pour certains, le Président Weah n’a pas fait de la lutte contre la corruption son cheval de bataille. On lui reproche une série de scandales impliquant des membres de son administration, dont des personnes très proches de lui qui n’ont jamais été inquiétées. C’est le cas de son ancien ministre Anthony McGill, candidat aux élections sénatoriales. Les militants des droits humains ont également dénoncé les pressions multiples subies par les auditeurs des comptes. Pour rappel, depuis octobre 2020, quatre parmi ces auditeurs ont été retrouvés morts. Même si selon les autorités, ces décès ont été accidentels, il subsiste  néanmoins des interrogations quant au moment précis où les personnes concernées ont été retrouvées mortes.

Des points positifs tout de même

Si pour certains, George Weah a clairement déçu, son bilan n’est pas que négatif, à l’analyse. L’année dernière, par exemple, l’économie du pays a connu une croissance de 5%. Ce chiffre est dû aux réalisations dans les secteurs de l’agriculture et des mines. À son actif, il y a également la construction de nombreuses infrastructures routières, la gratuité du premier cycle dans les universités.

«Pendant notre premier mandat, nous avons posé les fondations de la paix, de la liberté d’expression, de la stabilité macro-économique et de la restauration de la confiance dans le système éducatif national. Je peux garantir que les années 2024 et au-delà seront meilleures pour tous les Libériens», a déclaré le Président sortant, au début de sa campagne. Lui qui, non seulement, est sûr de sa victoire prochaine, mais est aussi et surtout certain de l’emporter au premier tour. Comptant sur une cote de popularité globalement satisfaisant.

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Historien, Journaliste, spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne
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