Pour le Congo, l’artiste Martial Prince va chanter « Louzolo »


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L’artiste d’origine congolaise, basé en France, Martial Prince, s’apprête à sortir un nouvel album, intitulé « Toujours Love ». Parmi les dix titres qui le composent, « Louzolo ». Une mélodie aux accents politiques et philosophiques, qui appelle les Congolais à s’unir davantage pour faire taire les armes de division massive, au moment où le Congo traverse un désert de perspectives d’avenir.

Gare de Massy Palaiseau, le mercredi 09/08/2017, 19h. A peine installé, Martial Prince Mbaya évoque la situation de son pays, à la lisière d’une explosion qui, si l’on n’y prend pas garde, engloutirait les Congolais dans les eaux noires de la peur de l’autre. D’où l’intérêt, ou plutôt de chanter « Louzolo » – en français « l’amour », mais un AMOUR qui se décline en lettres capitales. « Beaucoup avant moi l’ont fait, il suffit de revisiter Franklin Boukaka, Jacques Loubelo ou Jackson Babingui et d’autres encore, pour nous rendre compte de la puissance de leurs textes sur l’amour entre Congolais ! Mais nous ne devons pas cesser d’être aux aguets contre ce poison qu’est la peur de l’autre », affirme-t-il, avant d’expliquer : « Car quand la peur de l’autre est instrumentalisée, elle devient un dogme que même le verbe ne peut démolir. »

Ce glissement vers les ténèbres empêche Martial Prince de dormir ! Mais, curieusement, cela lui donne des idées. Des idées qui lui viennent en cascade. On dirait une âme éclairée par l’amoncellement des nuages dans le ciel congolais. Quel avenir pour les jeunes générations ? La Culture congolaise n’est-elle devenue qu’un mouvement éphémère, sans ressources et, surtout, incapable de dégel ? Que peuvent apporter les musiciens congolais face à la crise multiforme que vit le Congo ? A toutes ce questions, Martial Prince ne peut fournir de réponses. Seule certitude, sa voix doit compter, c’est-à-dire éduquer. Prévenir, donc.

Aussi travaille-t-il d’arrache-pied pour accoucher de cet enfant musical que les mélomanes espèrent beau. Ce faisant, Brice Malonga est à la programmation et Balou Canta, le Socrate de la musique, en accoucheur d’esprit.

Déjà deux albums à son actif

Avec Balou Canta, c’est une longue histoire. C’est déjà lui l’arrangeur du premier album de Prince Martial, Attaque-Défense, sorti en octobre 1998 et produit par le label Dénidel. C’est encore lui l’accoucheur de Kongophonie, sorti en 2014, avec comme titre-phare Amoureux repenti. « Comme on dit, on ne change pas une équipe qui gagne. Balou Canta est celui qui me coache le mieux, celui qui sait mieux que quiconque ce dont je suis capable », dit Martial Prince, le regard fixé sur une photo de son accoucheur attitré. Et de rappeler que, petit, il ne manquait aucune prestation de Balou Canta quand ce dernier était aux commandes de l’orchestre Télémusic.

Né à Bacongo dans le deuxième arrondissement de Brazzaville, mais ayant grandi à Makélékélé dans la célèbre rue Biza, Martial Prince Mbaya a toujours été là où se faisait la musique. Enfant, non seulement il accompagnait les groupes Saïfa Bilamba, RAS Kebo, Washako Mandolina dont il a repris la chanson-phare dans Kongophonie, mais il est aussi le cousin de deux mastodontes de la rumba congolaise : Pamelo Mounka et Youlou Mabiala. Sans oublier un ancien des Bantous de la Capitale, Nianzi Gaulard, un oncle maternel. La consanguinité biologique a fait place à la consanguinité musicale.

Fils d’un grand tailleur-couturier, Maître Mbaye – Il nous a quittés au moment où son fils enregistrait une chanson en son honneur – Martial Prince voyait défiler les musiciens dans l’atelier de son père. Ce contact était, à ses yeux, un signe du destin.

Mieux encore, la couture constitue une belle métaphore pour Martial Prince. « Je voyais comment mon père prenait les mesures, coupait le tissu, puis construisait une tenue ! C’est comme une chanson : d’abord les paroles, ensuite les mesures, enfin la chanson. Pour la chanson Louzolo que j’ai composée avec amour, j’ai procédé de la même manière, et chaque mot comme chaque pièce d’un ensemble, a une importance capitale », conclut-il.

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