Polémique aux Pays-Bas : un film de Geert Wilders s’attaque à l’islam


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Geert Wilders
Geert Wilders

Les Pays-Bas sont de nouveaux en proie à une polémique concernant l’islam. Le député populiste Geert Wilders se prépare à diffuser à la fin du mois Fitna, un film qui se veut être un brûlot contre le coran. La Haye est en état d’alerte, craignant notamment un déferlement de haine contre ses intérêts et ses ressortissants dans les pays musulmans.

Geert Wilders se lance dans une nouvelle bataille contre l’islam. Le député d’extrême droite entend diffuser d’ici la fin du mois un documentaire qu’il a commencé à tourner durant l’automne 2007. Certaines sources avancent que Fitna dure entre dix et quinze minutes et que le leader du Parti pour la liberté y brûlerait ou y déchirerait le livre sacré des musulmans. Le même livre que le populiste avait qualifié de « fasciste » et comparé au Mein Kampf, du dictateur Adolf Hitler. Le même livre dont il avait appelé à « jeter la moitié », estimant que plusieurs passages étaient « terribles ».

Diffusion sur Internet

Geert Wilders avait prévu de diffuser Fitna, destiné à alerter sur « les dangers de l’islam », sur l’une des chaînes néerlandaises. Le réalisateur en herbe s’est toutefois heurté au refus des télévisions en raison des conditions posées. Le politicien de 44 ans exigeait en effet que tout visionnage débouche sur une diffusion in extenso de Fitna. Faute de preneur, Geert Wilders se consacre à la mise en ligne de son film sur un site Internet particulièrement créé pour l’occasion : www.fitnathemovie.com.

Une fois qu’il aura été rendu public, il devrait également être visible sur le site www.fitnathemovie.info. Le site assure ne rien à avoir avec Geert Wilders mais, au nom de la liberté d’expression, tient à montrer son œuvre et à délivrer des informations la concernant. Des images étaient semble-t-il disponibles sur YouTube, mais « l’utilisateur a supprimé cette vidéo », indique le site de partage de documents filmés.

La diffusion sur Internet représente une solution de rechange mais aussi de sécurité. Geert Wilders prévoyait une conférence de presse le 28 mars pour faire découvrir son film. Seulement, les autorités lui ont demandé d’assurer l’intégrité physique des participants, qui devaient se réunir au centre de presse parlementaire de La Haye. Hors, d’après la presse néerlandaise, l’ardoise pour prendre en charge les mesures nécessaires était comprise entre 400 000 et 500 000 euros…

La Haye craint des représailles

Une somme sur laquelle il valait mieux ne pas lésiner. L’exécutif néerlandais aurait de sérieuses raisons de croire que le terrorisme pourrait bientôt frapper son sol. « Alors que le risque était « limité » ces derniers mois, il est à présent « réel », à la suite de l’annonce du film de Geert Wilders et de la décision du gouvernement de prolonger la mission militaire en Uruzgan (sud de l’Afghanistan) », écrit le journal hollandais Het Algemeen Dagblad, en se basant sur la foi de sources « autorisées ».

Des propos que confirme en partie le premier ministre Jan Peter Balkenende. Il y a un peu plus d’une semaine, il avait déclaré : « Je trouve importante la liberté d’expression mais je pense aussi aux possibles victimes, aux militaires, aux entreprises, aux ambassades, aux Néerlandais vivant à l’étranger ». Afin de prévenir d’éventuelles représailles, le pouvoir a mis en garde ses ambassades et ses entreprises localisées dans des pays à risque du Moyen-Orient, d’Afrique, d’Asie du Sud-Est, précise le quotidien français Le Monde.

Prêt à « exfiltrer » Geert Wilders

Les Pays-Bas, qui avaient cherché à interdire le film par peur de représailles, rappellent par ailleurs aux pays musulmans qu’il ne faut pas confondre la position du pouvoir et celle de Geert Wilders. Ils se rapprochent par ailleurs de leurs partenaires européens en espérant un soutien en cas de crise diplomatique avec l’Iran, l’Egypte et le Pakistan, qui ont fait part de leur indignation concernant Fitna. La Haye assure en outre ses arrières avec l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (Otan). Elle entend ainsi empêcher des offensives contre ses 1 600 hommes basés en Afghanistan, les talibans ayant menacé de redoubler leurs attaques contre le contingent néerlandais.

Quant à Geert Wilders, habitué des menaces de mort et des protections rapprochées, Le Monde explique que La Haye est prête à l’« exfiltrer » si les choses devaient mal tourner. Peut-être une façon de lui éviter le sort funeste de Theo Van Gogh. Le réalisateur a été égorgé en novembre 2004 par un islamiste néerlando-marocain peu après la diffusion de Soumission, son film qui dénonçait le traitement des femmes dans l’islam.

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