Plusieurs dizaines de musulmans tués par un groupe armé en Centrafrique


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À Bangassou, petite ville de l’est de la Centrafrique, à 500?kilomètres de la capitale Bangui, l’évêque espagnol Juan José Aguirre Munos a appris au fil des coups d’État, du passage des rébellions et des exactions de l’Armée de libération du Seigneur (LRA), à sauver des vies en mettant la sienne en péril. Le week-end du 13 et 14 mai, il a une fois encore tenté de stopper le massacre en cours en faisant obstacle de son corps.

Tout a commencé le 13 mai par l’irruption dans la commune de plusieurs centaines d’hommes bien armés et organisés, malgré la présence d’un contingent de la Minusca (la mission des Nations unies en Centrafrique). « Nous savions qu’ils approchaient depuis plusieurs jours », a raconté un humanitaire sur place. Au préalable, les assaillants avaient coupé les communications téléphoniques de cette localité excentrée.

Une fois sur place, ils ont commencé à tirer au hasard sur les membres de la communauté musulmane du quartier de Tokoyo. Des milliers de musulmans ont alors fui vers la brousse, l’hôpital, la paroisse, ou encore en se réfugiant chez leurs voisins catholiques. Un millier a également rejoint la mosquée où Mgr Juan José Aguirre Munos s’est rendu dimanche afin de tenter de les évacuer vers l’église.

Près de 115 victimes pour l’instant

« Pendant trois jours, la mosquée a été encerclée par des snipers, témoigne-t-il par Internet. Nous étions sans eau ni nourriture. Ils ont tiré sur quelqu’un très près de moi. Personne ne m’a visé mais les musulmans étaient ciblés comme des lapins. » L’imam qui se trouvait aux côtés de l’évêque est mort pendant une première tentative d’évacuation.

Dépêché en urgence à la tête d’une mission de médiation, l’archevêque de Bangui Mgr Dieudonné Nzapalainga a obtenu, le 15 mai, le retrait des hommes armés de la localité et le transfert des musulmans dans l’église, où ils sont toujours réfugiés.

Après le massacre, restent les questions. Qui sont les assaillants ? Quelles sont leurs motivations ? Les casques bleus ont évoqué des anti-balaka, ces rebelles qui se disent prochrétiens, avant de revenir en arrière. Le bilan lui aussi reste incertain. La Minusca a évoqué 26 civils tués et un casque bleu marocain?: un chiffre largement sous-estimé selon la Croix-Rouge centrafricaine, qui dit avoir comptabilisé 115 victimes. « Nous avons enterré 80 morts », témoigne Mgr Aguirre Munos.

Si le calme est revenu à Bangassou, les assaillants seraient toujours dans la brousse autour de la localité. Des affrontements entre groupes armés ont également été signalés à Bria, dans le centre du pays, une de ces nombreuses régions qui échappent à l’autorité de Bangui ou de la force de maintien de la paix.

Source Urbi et Orbi : Olivier Tallès

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