Peinture : « Unis vers l’absolu », l’univers de D’Geyrald


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On le connaissait musicien, producteur, animateur télé, essayiste, le voilà désormais peintre. Une corde pas si nouvelle que cela pour l’artiste antillais D’Geyrald qui inaugure jeudi, à Paris, sa première exposition : « Unis vers l’absolu ». Au-delà de la toile, c’est un véritable concept qu’il présente, mêlant son, image et poésie. Une œuvre à la fois très personnelle et collective, onirique, châtoyante et utile. Dix pour cent du produit des ventes sera en effet reversé à l’association Soleil d’art qu’il a créé au Togo. Entretien.

d.jpgGéométrie des formes, mouvements, profondeurs et couleurs. La peinture de D’Geyrald affiche un style très personnel, développant un univers onirique et aérien. Et pour cause : l’artiste antillais a tout simplement couché ses rêves sur ses toiles. Comme pour les immortaliser, et retrouver cette plénitude qu’il retrouve au pays de Morphée. Mais « Unis vers l’absolu », sa première exposition, qu’il inaugure jeudi à Paris, est bien plus que cela. Elle s’inscrit dans un mouvement de convergence artistique combinant poésie, musique et vidéo. L’initiative est également résolument solidaire puisque 10% des recettes iront à l’association Soleil d’Art qu’il a créée au Togo avec l’artiste togolais King Mensah.

Afrik.com : Pourquoi avez-vous décidé de vous lancer dans la peinture ?

D’Geyrald :
En fait c’est par là que tout a commencé. Le dessin et la peinture ont été mes premières émotions artistiques. Je dessine depuis que j’ai 7 ou 8 ans et je n’ai jamais arrêté. C’est quelque chose que je fais tout à fait naturellement. J’ai dû réaliser ma première toile à 12 ans. Et avant l’expo, je réalisais un ou deux tableaux par an que j’offrais à des copains ou à des personnes de ma famille. Il y a 8 mois, un ami m’a proposé de faire une exposition, après avoir vu quelques unes des toiles que j’avais chez moi.

Afrik.com : Avec une exposition comme échéance vous avez dû peindre un peu sous la contrainte. Cela ne perturbe-t-il pas le processus créatif ?

D’Geyrald :
La contrainte d’une date d’exposition est quelque chose que je n’ai pas forcément aimé parce que j’ai été obligé de rentrer dans une logique de production. J’ai dû mettre toutes mes activités entre parenthèses, me couper du monde, pour avancer à raison de 2 toiles et demi par mois. En tout, j’en ai réalisé 50. Une partie sera exposée à Paris à travers l’expo « Unis vers l’absolu », et l’autre simultanément à Knokke-het-zoute en Belgique à travers l’expo « Ici, nos sens ».

Afrik.com : Que représente la peinture par rapport à la musique ou à l’écriture ?

D’Geyrald :
Une autre art pour matérialiser mes émotions. Avec la peinture, je voulais reproduire les émotions que j’avais dans mes rêves. Mes toiles sont très châtoyantes, parce que mes rêves sont un peu mon paradis. A tel point que j’attendais de dormir pour m’y retrouver et quand je me réveillais, je n’avais qu’une seule envie : me recoucher. Même si je suis conscient qu’il s’agit là d’un univers utopique.

Afrik.com : Vous avez peint à un rythme soutenu pendant 8 mois en vous mettant un peu à nu. N’est-il pas difficile de se séparer de toiles si intimes et personnelles ?

D’Geyrald :
Au début, je ne voulais pas que les toiles sortent de chez moi. Ce n’est pas comme un disque, où vous vendez une copie, là il ne s’agit que d’originaux. Et comme je me suis totalement livré sur la toile, en confiant mes tableaux j’avais le sentiment que c’est un part de moi qui s’en allait. Quand j’étais entouré de tous mes tableaux, j’étais au milieu de mes rêves. J’avoue que cela m’a un peu bouleversé de m’en séparer, j’y avais mis tellement de passion.

Afrik.com : Vous n’aviez jamais eu jusque-là de réflexe marchand par rapport à votre travail. Comment avez-vous évaluer le prix de vos peintures ?

D’Geyrald :
Ce n’est pas moi qui ait fixé les prix, je ne suis pas marchand d’art. J’ai fait confiance au galeriste. Les prix des toiles varient de 600 à 4 000 euros.

Afrik.com : « Unis vers l’absolu » n’est pas une simple exposition mais tout un concept. Pourriez-vous nous l’expliquer ?

D’Geyrald :
Je n’ai pas donné de nom à mes toiles. En revanche, un ami auteur, Hugo di Verura, a placé une phrase sous chacune d’elles pour ne former qu’un grand poème. J’ai envoyé sans plus de commentaires les toiles et le poème à Mathieu Karsenti, mon producteur à Londres, qui a fait une bande son en incluant les phrases dudit poème. Cela a créé un univers sonore étrange qui fait partie intégrante de l’exposition. D’où le nom « Unis vers l’absolu ». La peinture est ainsi devenue un moteur dans le processus de création musicale. Et j’entends réaliser une chanson pour chaque exposition. Ce ne sont pas mes textes, ce n’est pas ma musique mais toute l’inspiration vient de mes toiles. Par ailleurs, nous avons même été plus loin en réalisant un film sur l’exposition. Un film de 8 minutes d’art et d’essai.

Afrik.com : Vous avez une autre exposition, « Ici, nos sens », qui débutera simultanément en Belgique. Est-ce le même état d’esprit que les toiles qu’on pourra voir à Paris.

D’Geyrald :
Non ! Les toiles sont plus acérées, plus schizophrènes. Le trait est toujours aussi vif mais il y a plus d’écorchures. C’est un travail plus réfléchi qui exprime le fait que tout bonheur a son pesant de larmes. C’était une manière d’affronter mes rêves avec la réalité. En peignant, je voulais immortaliser mes beaux moments de rêve, mais aussi les angoisses de la vie.

Afrik.com : Avez-vous de prochaines dates d’exposition de prévues ?

D’Geyrald :
A Miami aux Etats-Unis et au Togo.

Afrik.com : Justement par rapport au Togo, vous avez décidé de donner 10% de la recette des ventes lors de l’expo à l’association Soleil d’Art que vous avez créée avec l’artiste togolais King Mensah…

D’Geyrald :
Cette association est une projet de vie qui me tient particulièrement à cœur. Elle donne une vrai sens à la vie. Parce qu’on travaille dans le concret pour offrir un cadre éducatif et artistique solide à des orphelins que tout le monde avait oublié. Le projet avance à grand pas. Il est déjà opérationnel et l’initiative fait tâche d’huile. Ce qui prouve que nous sommes sur la bonne voie. Je vais faire une exposition là-bas à la rentrée et 50% des recettes iront à l’association.

 Visiter le site Soleil d’Art

 Exposition du 6 juillet au 4 septembre

 Maatgallery

26ter, rue Traversière

75012 Paris

Métro/RER : Gare de Lyon

Tél. : 00 33 1 53 95 16 70

Fax : 00 33 1 53 95 39 38

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